Never grow old
On se dit parfois qu'il n'y a pas besoin de grands effets pour faire peur au cinéma. C'est que prouve Relic en jouant de l'angoisse liée au grand âge. De se rendre compte que l'être qui nous a tant...
le 13 oct. 2020
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« Relic » est un vent d’air frais dans le paysage horrifique particulièrement pauvre de ces derniers mois. Frais car Natalie Erika James, la réalisatrice, arrive à renouveler le mythe particulièrement usité de la maison hantée - qu’elle dépèce à coups de scalpel aiguisé - pour nous emmener sur d’autres territoires, sans autre envie que de nous consumer de l’intérieur.
Partant d’un drame intimiste et familial, l’histoire nous propulse dans un dédale horrifique qui explore les couloirs de la démence à travers les yeux de 3 générations de femmes qui se répondent et se complètent merveilleusement. La réalisatrice ne s’en cache pas, elle puise dans son trauma familial via l’Alzheimer de sa grand-mère pour explorer et interroger les méandres de la folie.
« Relic » se pose d’ailleurs comme un film d’auteur utilisant le prisme horrifique comme allégorie à la vieillesse décatie, à la désagrégation des corps et à la perte de repères des proches vis-à-vis de cette situation complexe à gérer.
Le film prend son temps pour s’installer. Seules des touches de musique émises par intermittence tissent petit à petit l’atmosphère inquiétante et étouffante que l’on ressent au sein de la maison ; véritable personnage du film tant son design rend à la perfection cette impression de déliquescence et contribue à distiller l’horreur. Il faut préciser que le soin apporté à la photographie, aux décors, maquillages et autres effets spéciaux sont particulièrement réussis et participent au réalisme de ce climat oppressant.
Sans oublier un casting très inspiré : Emily Mortimer, Robyn Nevin et Bella Heathcote délivrent une sacrée performance dans un triumvirat épatant.
Pas de jump scare ici mais une ambiance lourde, moite, effrayante qui dérange et glace le sang. En effet, la montée de l’horreur se fait progressivement, insidieusement, comme un serpent sinueux qui s’approcherait de vous, que vous peineriez à voir venir… mais quand il plantera ses crocs dans votre cheville et inoculera son venin, il sera déjà trop tard.
La scène d’ouverture toute en faux semblants plonge directement le spectateur dans cette ambiance délétère où l’on sent bien qu’il y a plus que ce qu’on voit sur l’écran.
Niveau réalisation, Natalie Erika James place d’abord son film dans un cadre très académique – en gros c’est assez statique - mais quand l’histoire dégénère, on se retrouve plongé dans un univers empli de moisissures, souillures et pourritures (à la manière du jeu vidéo « Silent Hill ») avec un rythme saccadé, caméra à l’épaule, qui vient nous bousculer dans notre fauteuil secouant nos certitudes.
Alors « Relic » est-il une totale réussite ? Pas si simple car le métrage reste assez cryptique, se dévoilant finalement assez peu, fourmille de bonnes idées mais se laisse peu de place pour les exploiter. On pourrait reprocher une certaine lenteur à dérouler l’histoire mais c’est justement cette attente qui procurera tant de délicieuses sensations lors de la révélation finale qui ne laissera personne indemne. Ceux qui s’y laisseront embarquer feront un bien joli voyage à travers cette vision cérébrale de l’horreur. Et ce n’est pas fréquent.
La chronique en images sur le site : https://cestcontagieux.com/2020/10/07/relic-de-natalie-erika-james-la-chronique-magnetique/
Créée
le 7 oct. 2020
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