Tout "Remember My Name" tourne autour d'une étude de personnages et notamment celui interprété par Géraldine Chaplin, Emily, que Alan Rudolph essaie de d'envelopper dans une toile mystérieuse dès les premières minutes. Un de ses films qui avancent avec une assurance certaine dans leurs partis pris, en faisant le choix de nous projeter brutalement dans un référentiel donné sans nous donner aucune clé de compréhension immédiate : au spectateur de se débrouiller avec le faisceau d'indices qui se construit lentement pour déterminer les raisons des agissements et la nature des enjeux.


On comprend assez rapidement qu'Emily a été récemment libérée de prison, qu'elle a un passif mi-traumatique mi-criminel assez lourd, et qu'elle compte bien se venger de son sort d'une manière ou d'une autre. Le film se charge de nous mettre sur la voie et ce d'entrée de jeu : on la voit suivre en voiture Anthony Perkins tandis qu'il se rend à son travail, de manière déterminée, ce qui laisse peu de doute quant à une partie de l’action à suivre.


Le choix qui sous-tend "Tu ne m'oublieras pas" est assez étrange, puisque d'un côté il dissimule sciemment des informations concernant les différents intervenants, pour nous laisser dans l'incertitude, mais d'un autre côté il paraît très évident que Perkins et Chaplin partagent un passé commun et que le comportement psychotique affiché de la femme y est fortement lié. Le personnage féminin est assez particulier, témoignant une forme d'agressivité et d'imprévisibilité constante dans ses rapports sociaux, ce qui pourrait alimenter une certaine tension si le scénario n'en faisait pas les grandes lignes d'un semi-thriller trop évident. La passerelle ne fonctionne pas entre l'explicite de ses actes (elle terrorise le couple de plusieurs façons) et le supposé implicite de ses intentions (franchement on se doute des raisons, seuls les détails seront révélés).


Un des objectifs du film est de faire du personnage de Chaplin un agresseur instable psychologiquement pour lequel on est censé éprouver une certaine sympathie grâce au réseau d'indices qui en font, quelque part, une victime. Cela ne l'empêche pas de se faire particulièrement manipulatrice, par exemple en s'adonnant au chantage et à la menace avec son patron (Jeff Goldblum tout jeunot), mais son comportement souffre d'une unilatéralité qui nuit à cet "unfinished business" qu'elle entend bien terminer.

Morrinson
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le 17 juil. 2024

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