Autant il me semble avoir bien compris le concept du film, à travers le voyage retour sur la terre natale du cinéaste après un exil forcé, autant je suis étonné de ne pas avoir été plus ému voire concerné par l'ensemble, alors que ce sont des thématiques, une sensibilité et une approche qui auraient dû faire facilement mouche. Je ne me l'explique pas vraiment. Quelque chose m'échappe.
La cohérence de l'ensemble, peut-être, est la première chose qui m'a un peu échappé sans pour autant être, je crois, dommageable. Les trois parties ne m'ont pas semblé parfaitement fluides, mais gageons qu'il s'agit là plutôt d'un défaut d'implication de ma part. J'aime beaucoup le regard d'immigré sur l'immigration, surtout l'arrivée en Amérique, le dépaysement, la réacclimatation. Le déracinement ne se fera pas sentir à ce moment là, mais lorsque Jonas Mekas retournera en Lituanie. Sa façon de filmer sa maison, sa mère et les environs est très éloquente, le regard de l'exilé sur le retour est parfaitement intelligible. Il se dégage quelque chose, après une telle parenthèse de 25 ans. Enfin, la partie sur les camps de travaux forcés et ses amis ne m'a pas vraiment interpelé, pas au niveau auquel on pourrait s'attendre. Seule l'image finale du marché de Vienne qui brûle est un temps fort dans cette partie, à des degrés divers, manifestation surprenante et vaguement allégorique du changement profondément voulu par certains.
"Reminiscences of a journey to Lithuania" est une image du retour de la vie, à la vie, en quelque sorte : je ressens bien que c'est en partie l'objet du documentaire autobiographique, mais il me manque des éléments pour y adhérer, pour m'impliquer davantage. La démarche (ou un de ses sentiers de traverse), raconter l'Histoire globale par l'histoire particulière, est sans doute un peu trop indirecte. La mélancolie n'aura été qu'entraperçue, la distance au sujet étant peut-être trop importante.