Le désir et l'impuissance
Un couple est accidenté durant son voyage de noces. L'homme devra marcher avec des béquilles et ne pourra plus accomplir le devoir conjugal. Re(découvert) grâce à Tavernier, Gréville avait...
le 10 déc. 2017
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Un couple vient de se marier et sur le chemin du retour, a un accident de voiture. L'époux, Henry, va être gravement blessé aux jambes, ce qui va l'obliger à se déplacer avec des béquilles, mais surtout, il va être impuissant. Par amour, Jeanne reste avec lui, jusqu'à ce qu'elle rencontre un autre homme et va être tiraillée entre vouloir rester avec son mari ou cet amant.
Avec ce film, Edmond T. Gréville parle d'un thème incroyablement audacieux, y compris de nos jours, qui est l'impuissance sexuelle. Ici, l'homme est représenté comme faible, demandant de l'aide pour se déplacer et surtout, on voit dans ce couple la frustration grandir, d'un mari qui ne peut honorer son épouse. Le mot impuissant est d'ailleurs prononcé une seule fois, pour laisser place au handicap physique qui est de voir Henry se déplacer difficilement avec ses deux béquilles. Il reste tout de même un cerveau alerte, qui est concepteur d'un barrage ; d'ailleurs, les remous reviennent souvent dans le film, comme pour montrer l'âme torturée du couple, qui s'aime, mais ne peut le combler.
Si Jean Galland, qui incarne le mari, en fait parfois un peu trop dans l'expression de son inaction, Jeanne Boitel y est formidable ; à la fois aguicheuse avec les hommes, on voit le regard qui frétille quand elle croise de beaux messieurs, mais elle est déchirée par l'amour qu'elle portera jusqu'au bout à son mari, quand bien même elle franchira la ligne jaune. Plus que l'homme, on voit que c'est elle qui porte en elle un fort désir sexuel, avec son amant, via de savoureux jeux de regards, et quand elle observe un bel ouvrier sur le barrage, un manche à la main. Le sous-entendu sexuel revient constamment dans le film, car il fait aussi partie de l'acte d'amour, qui ne peut être abouti entre les époux.
Porté aux nues par Bertrand Tavernier dans son documentaire sur le cinéma français, Remous est un film qui m'a beaucoup impressionné. Non seulement par l'audace folle de son sujet, mais aussi par la mise en scène de Gréville où les dialogues sont peu importants, contrairement au visuel. On ne compte plus les jeux de regards du couple, de la femme envers son amant, le tout avec une musique qu'on entend fréquemment, qui rappelle du Tino Rossi, sans les paroles.
Il y a aussi une scène que je trouve magnifique d'invention, c'est le moment de l'accident ; au moment où les voitures vont se percuter, la caméra s'élève dans le ciel, laissant apparaitre les nuages ... dont on verra qu'il s'agit en fait de morceaux de cotons utilisés pour l'opération du mari !
Remous est ce que j'appelle un grand film oublié ; il ne faut surtout pas passer à côté de ce film d'une grande noirceur et au sujet ô combien audacieux.
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Créée
le 13 avr. 2017
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