Non aligné

Explorons l'intention du film : la mise en scène d'une vérité alternative ne dure pas.

Rien ne colle entre le discours officiel entendu à tous moments et ce que les journalistes voient et vivent sur place. On leur souhaite la bienvenue et on les enferme dans la foulée. La piste d'aéroport est le théâtre de ce monde recomposé, on y voit traverser le tableau du n°1 (que l'on doit repeindre pour qu'il soit souriant), la jungle peinte, un éléphant en carton pâte, ...

Le décalage est flagrant entre le propos des personnes interviewées et leur traduction, comme dans le sketch de Coluche qui date aussi de ces années (mais se situe au Chili).

Le parti-pris du réalisateur, avec des postures variées, mêlant images d'archive, reconstitutions, marionnettes, cadrage journalistique, est là pour accentuer le malaise et le décalage entre les mises en scène et le vécu des 3 étrangers.

La prise de conscience progressive de ce non alignement entre le monde rêvé et la réalité constatée, se révèle extrêmement violente, le photographe, premier à vouloir dénoncer les crimes, est vraissemblablement assassiné, et l'idéologue, lui, se suicide car il sait que le rêve est fini, pour toujours.