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"Requiem for a dream" ou "La grosse claque dans ta gueule" est un film éprouvant. C'est "Irrevèrsible" raconté à l'endroit, c'est "Bambi" qui s'arrête à la mort de sa maman, c'est une histoire qui ne finira pas bien et Aronofsky fait tout pour que le spectateur en prenne conscience.
SUMMER
Jusqu'ici tout va bien... Le début du film ressemble à une ode à l'espoir. Un couple, Harry et Marion (Jared Leto et Jennifer Connelly) deviennent propriètaire de leur boutique et ils voient la vie en rose. La mère de Harry, Sarah (Ellen Burstyn -une des meilleures performances de l'histoire du cinéma-) se voit déjà à la télévision vétue de la robe que son mari aimait tant. Enfin, Tyrone (Marlon Wayans), le meilleur ami d'Harry est plein aux as et il est en passe de devenir un caïd. Il fait beau, chaud, et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Aronofsky appuie bien cet état d'esprit qui reigne au début du film, sa caméra est "legère" (le plan du couple enlacé sur le canapé), la lumière est naturelle, chaude, rassurante, les comédiens sont propres sur eux, bien habillés (la scène du resto chic), avec une nouvelle coloration de cheveux (plus ou moins réussi). La musique, elle aussi, se montre envoûtante, lancinante, on arrive même à entendre des goelands dans la scène au bord de la plage.
Mais dans ce monde d'espoir, chacun a son addiction (les drogues, la télévision, les pillules pour maigrir) et la façon de filmer ces gestes répetitifs (roulage de joint, allumage de la télé, avalement de pillules) est d'une redoutable efficacité.
AUTUMN
L'addiction prend le pas, tout doucement, sur l'espoir affiché l'été dernier. La pénurie de drogues frappe les trois plus jeunes protagonistes de l'histoire tandis que Sarah est en pleine boulimie de pillules amincissantes.
La réalisation accompagne cette descente aux enfers, la caméra devient incontrôlable (la scène juste après le panneau "autumn"), on utilise le grand angle pour déformer les visages, la lumière devient arificielle, froide (Sarah éclairée par sa télé), les comediens deviennent sales (mal coiffé, transpirant), la musique devient répétitive, agressive...
Il fait nuit, il fait froid, il pleut, j'ai mal au bras et c'est bientôt l'hiver.
WINTER
C'est le moment où les courageux spectateurs plantent leurs ongles dans l'accoudoir et décident de rester jusqu'au bout.
Harry et Marion sont physiquement séparés, l'un est à l'hôpital, l'autre vend son corps pour une dose. Tyrone est en prison tandis que mamie ère dans les rues, agare, le cerveau complètement ravagée par toutes les pillules qu'elle a avalé.
C'est à partir de ce moment que Darren Aronofsky construit son chef d'oeuvre. Le spectateur est déjà bien mal en point quand le panneau "Winter" apparaît à l'écran. Et bien on ne sera pas menagé pour autant. La caméra, qui était devenue incontrôlable se met à faire des trucs très bizarre (la scène où Tyrone demande de l'aide derrière les barreaux), le grand angle à laissé place au fish eye, la lumière n'a plus rien de réelle ou de naturelle (boule à facette), les comédiens ne ressemblent plus à rien (uniforme de prison, d'hôpital, maquillage qui coule, cheveux gris et très court), la musique est devenue insupportable et les goelands ont laissé place aux electrochocs.
Le film finit comme il a commencé. Sauf qu'après avoir vécu cette histoire, le spectateur n'est pas dupe. Il n' y a plus d'espoir pour ces gens là. Tyrone est en prison, il pense toujours à sa mère, Marion est allongée dans son canapé une dose de drogue à la main, le sourire aux lèvres malgré ce qu'elle à dû faire pour l'obtenir. Sarah s'imagine encore et toujours à la télévision dans sa belle robe et Harry n'a même plus d'endroit où piquer son aiguille.
Heureusement que tous les films ne ressemble pas à "Requiem for a dream". Et heureusement que "Requiem for a dream" ne ressemble pas à tous les autres films.