Je suis venu, j'ai vu et je suis convaincu.
Enfin j'aurais préféré que le convaincu se transforme en bouleversé mais de toute façon ça ne rimait pas, donc c'est nul. Je dois dire que j'attendais quand même ce Requiem pour un Massacre au tournant étant donné son statut de gros morceau du cinéma soviétique et j'ai un avis partagé qui tend cependant très largement vers le positif. Tout d'abord je dois dire que l'ambiance générale du film m'a beaucoup plu. Comme ça pu être dit précédemment dans d'autres critiques, nous sommes en effet plongés dans l'horreur de la guerre avec toute la cruauté et la saleté qui la caractérisent. Le réalisme des scènes de guerre (impressionnants bombardements) se mêle sans souci à une atmosphère qui frôle le surréalisme voire l'onirisme par intermittences. Nous sommes spectateurs de ce théâtre absurde qu'est la guerre et qui nous est montrée ici de manière glaciale. Mais quelque part c'est aussi ce qui m'a un peu rebuté, je ne me sentais pas en immersion dans cet univers froid. Je n'étais pas totalement impliqué dans le film et le sort de ses personnages à cause d'une mise en scène qui affiche quand même pas mal de lourdeurs.
Déjà ces regards face caméra intempestifs... Peut-on faire moins vulgaire je vous le demande. Ça ne s'arrête pas, Klimov nous ressort trop souvent ces plans similaires sur des visages pétrifiés qui surjouent comme pas permis. Et le principal défaut de ce film c'est ça, il est constamment dans l'exagération. L'acteur principal est tantôt efficace, tantôt trop expressif. Les yeux écarquillés devant l'horreur merci, je m'en passerai volontiers. Et quelque part c'est dommage car à côté il y a une dégradation physique et mentale qui est superbement bien faite et qui contribue aussi à l'ambiance fascinante de Requiem pour un Massacre. Fascinant le film l'est par son mélange entre réalisme cru et son côté quasiment fantastique, mais le tout est traité sans grande finesse malheureusement. On reconnaît bien là les défauts typiques d'un film tourné sous un régime politique autoritaire. Le camp des partisans russes n'est pas peint comme étant parfait mais il reste droit, digne. Tandis que le camp adverse (les hooooooribles nazis) est montré comme particulièrement destructeur, meurtrier et lâche. Je veux bien qu'il y ait une part de vérité mais le film aurait gagné à développer une réelle ambiguïté entre les deux camps. Mais non, ici les nazis mangent du homard pendant un massacre de village. De quoi sortir complètement du film et atténuer son propos.
Mais bon, on assiste quand même à un film rempli de qualités malgré ses défauts un peu lourds. Klimov redouble tout de même d'idées de cinéma. La toute fin est en la parfaite illustration, ce compte à rebours inversé de l'Histoire est génial. Et là se développe une vraie ambiguïté qui remue sévèrement les tripes. La réalisation est quand même réussie dans l'ensemble hormis les passages de regards face caméra. La violence est filmée admirablement, tantôt impressionnante, tantôt dérangeante (je pense à l'excellente utilisation du hors-champ ou à la scène de découverte des corps dans un village). Et le travail sur l'environnement sonore est assez énorme aussi (hormis la post-synchro assez dégueulasse). Non dans l'ensemble je ne regrette absolument pas la découverte car le film est marquant, fascinant, dur. Mais il y a trop de défauts qui viennent ternir le tableau pour que je puisse passer outre. Mais c'est une oeuvre à voir indéniablement.