J'ai regardé le Mal absolu les yeux dans les yeux

Si quelqu'un me demandait si j'ai déjà vu le Mal absolu, je lui répondrais « Oui, j’ai regardé Requiem pour un massacre ». Lucifer existe, je l’ai rencontré ! Requiem pour un massacre est ignoblement beau et magnifiquement horrible. C’est comme si Elem Klimov, le réalisateur, avait réussi à imprimer le visage du Diable sur pellicule. Et si ce film est classé dans la catégorie « films de guerre », ne nous y trompons pas : c’est un film d’horreur, qui nous propose une plongée dans la folie pure, dans un long cauchemar halluciné et hallucinant, dont personne ne sortira indemne. Un film qui vous prend aux tripes, qui vous marque à vie ; bref, un chef d’œuvre, un film à voir absolument avant de mourir, même si ce film vous hantera à jamais...
C’est curieux, Requiem pour un massacre est en couleur, mais quand j’y pense, je le vois en noir et blanc. Un film pareil ne peut pas être en couleur. La déliquescence de l’Humanité ne peut être qu’en noir et blanc. Et cette bande son… Le bruit des mouches dans la cuisine… Le gros plan sur les poupées... Le mouvement bref de Glacha quand elle regarde en arrière… La traversée des marais… La première scène du village de Traverse, où l’on comprend que tout va partir en couilles… La jeune femme au sifflet... Mais pourquoi j’ai regardé ce film ? Le pire, c’est que je l’ai vu plusieurs fois, à croire que j’aime me faire du mal…
Klimov a réussi l’impossible : filmer le Mal absolu. Il ne tournera plus jamais après cette expérience extrême ; rencontrer le Diable a un prix…
Pour paraphraser Dante, « vous qui entrez dans ce film, laissez toute espérance ! » A ceux qui oseront regarder cette géniale obscénité, cet avant-goût de l'Enfer : « Bon cauchemar à vous ! »
A voir en VOSTFR évidemment !