Que dire ? Que dire devant une telle démonstration de cinéma, un enchainement prodigieux de scènes surréalistes qui tendent vers un aboutissement chaotique au plus profond de l'Horreur humaine matérialisé par le massacre du village. Plans grandiose, s'enchainant sans laisser de répits, drame sans issue faisant battre le cœur nerveusement au son des cris de femmes pleurant leur enfants brûlés et violés. Éreintant, déconcertant, Klimov frappe où ça fait mal, en épargnant rien à son spectateur. Requiem pour Un Massacre est une œuvre charnière comme l'a été Apocalypse Now, de part sa manière expressive et subliminale d'aborder la guerre. A mille lieues des blockbusters élogieux américains, Requiem assume l'odeur de la boue, le goût du sang, jusqu'à écœurer profondément, de plus Klimov n'a pas exploité les filons faciles et cupides du patriotisme guerrier pour se concentrer sur la nature abjecte de l'Homme sans faire de concession.


Comment ne pas parler de la prestation gigantesque, des acteurs principaux, notamment Alexei Kravtchenko et Olga Mironova, qui sont comme transcendés par leur rôles respectifs, une prouesse d'acteur hors norme, dans des conditions de tournage âpres, des scènes très dures, parfaitement habitées par ces acteurs. Leurs âmes d'enfants, car c'est bien de ça dont il est question dans ce film, vont se retrouver corrompues puis détruites, par le viol pour la fille et la vieillesse prématurée pour le garçon, tout deux embarqués au milieu d'un conflit qui les dépassent, ce qui provoque le ressentiment automatique et extrême de Fliora vis à vis d'Hitler, allégorie du mal absolu, qu'il faut détruire, ce qui aboutira à une scène absolument fascinante d'un temps qui va à rebours au fur et à mesure que Fliora tire sur le portrait d'Hitler, comme pour dire " Comment cela se serait passé si... ". Klimov propose l'interrogation sur le mal, le mal qui est en chacun d'entre nous.

Requiem Pour Un Massacre est le furieux récit de vies assassinés, une représentation colérique et haineuse des conséquences les plus graves de la guerre, de ce que ne montre pas le gentil Soldat Ryan. Représentation hautement expressive de la guerre en tant que flots de haine incontrôlée, de destins torturés, abandonnés, dans un immense cri de désespoir, aux sons graves des violoncelles du Requiem de Mozart.
Heisenberg
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le 20 juil. 2011

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le 22 août 2012

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Heisenberg

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