Tant qu'il reste de l'espoir

C'est toujours agréable de voir un réalisateur qui n'a pas trop perdu de son mordant malgré les années qui passent. Herzog, même si je n'ai vu que peu de films, m'a toujours secoué, y compris lorsque son film me déçoit. Ici, je ressors enchanté de cette découverte.

Le scénario est ultra-minimaliste : un homme tente de survivre en terre hostile. Quelque part, ça m'a rappelé l'histoire d'Aguirre ; en effet, comment ne pas associer cet éternel optimisme à une sorte de folie qui finit par contaminer toute la troupe. Si le film manque d'enjeux et de structure, c'est parce qu'il repose surtout sur son personnage central ; de là, Herzog écrit quelques scènes impressionnantes. L'auteur parvient à capter l'essence des faits réels et à les retranscrire de manière cinématographique. Seule la fin m'a paru hors sujet, avec les beaux discours dignes d'un film à Oscars.

La mise en scène m'a d'abord fait peur : en effet, la scène d'action du début est terriblement mal filmée, cela choque d'autant plus que les toutes premières images du film, des images d'archive, sont d'une beauté rarement égalée (une beauté morbide). Heureusement, il s'agira là de la seule scène de la sorte, le reste étant filmé en décors naturels à la courte focale comme Herzog aime le faire. Le film jouit donc d'une très belle photographie, d'une belle lumière et puis les acteurs profitent bien de cette immersion pour délivrer une performance du tonnerre. D'ailleurs, j'ai pu lire sur IMDb qu'à la base Matt Damon était pressenti pour le rôle : je n'ai rien contre le bougre, mais clairement, le personnage aurait été différent, et après avoir vu Christian Bale, je n'arrive pas à imaginer un autre acteur pour le rôle. La musique est intéressante avec quelques envolées plus expérimentales, mais parfois gêne un peu par ses gros violons sur des moments dramatiques. Heureusement, Herzog sait quoi faire à l'image et évite souvent le misérabilisme, se contente de filmer les choses froidement.

J'ai dit qu'il y avait de très bonnes scènes dans le film, et c'est vrai, Herzog creuse vraiment son histoire et ses personnages avec simplicité et efficacité. C'est vraiment le début et la fin qui gênent. J'ai aussi déprécié les nombreux fondus du film (souvent, un fondu est lié à un manque de structure narrative, c'est le cas ici).

Bref, "Rescue Dawn" est un film qui prend aux tripes comme j'aimerais en voir plus souvent ; dommage pour les quelques fausses notes qui m'empêchent d'être davantage enthousiaste.