Les années 1990 où la décennie qui a révélée une autre facette du cinéma de genre... le traiter comme une véritable œuvre reconnue par le grand publique. Qu'est ce que j'aime Reservoir Dogs, c'est le film de gangster qui révolutionne les films de gangsters.
Un budget faible, un décor basique lourd de sens. Un scénario de polar bien agencé réveillant nos plus profondes nostalgies du genre ! Mais un gangster, ça échafaude des plans, ça parle de tout et de rien, ça discute et se dispute surtout lorsqu'il s'agit de déceler une taupe au service de la police... Mais ce que Tarantino réussit à faire de meilleur dans ce film, c'est de structurer à travers des personnages charismatiques et emblématiques son univers et sa narration.
Ce film est un petit bijou d'écriture et de mise en scène. Tarantino se sert des codes du cinéma pour les redistribuer à sa sauce. Voix-off et ralenties, longs travellings circulaires et plan larges en contre-plongés ou dissimulant volontairement des personnages (la scène d'ouverture) et bien-sûr, la capacité décontenancée presque désinvolte de ne pas révéler l'élément perturbateur principal (le casse). Le réalisateur préfère évoquer ce genre d'éléments de l'intrigue. Ce processus sera d'ailleurs réitérer avec le contenu de la mallette de Pulp Fiction.
Jacques Morice, journaliste de presse des Cahiers du Cinéma à confier que :
Reservoir Dogs est un retour aux sources. Aux origines du cinéma, de la violence et de la vitesse
Je ne pense pas qu'on puisse parler de cinéma de vitesse ! C'est au contraire, une évolution lente et tranquille dans une noirceur décalée. L'humour noir inspire beaucoup plus au rire et à la fascination qu'à une œuvre d'adrénaline et de testostérone.
Les personnages sont traités de manière déstructurée et ils ne révèlent leur personnalité profonde qu'en situation de panique. Cette capacité à cacher leurs identités (Mr. White, Mr. Orange, Mr. Blue, Mr. Pink,...) prouve une ouverture d'esprit habile du metteur en scène pour ce genre de situation. Elle n'a, pour autant, pas tant de raisons d'exister à part le comic relief et bien sûr l'excellente scène comique de Mr. Pink, brillamment dirigé par Steve Buscemi, aussi culte que drôle.