Une narration originale, des acteurs très bien dirigés, une tension permanente, des hectolitres d'hémoglobine, des bavardages vulgaires (mais savoureux et parfois surréalistes mais jamais ennuyeux), des scènes chocs, des rebondissements inattendus. Avec tout ça on ne peut qu'aimer. Si le pitch est simple dans son résumé, il se complexifie de par la situation et la personnalité des protagonistes, et c'est là que le film est très fort, nous avons une galerie de personnages tous différents mais plausibles, et magnifiquement interprétés, et si Keitel domine la distribution, personne ne démérite et à ce titre les prestations de Buscemi et de Roth sont fabuleuses. La mise en scène lorgne parfois vers les précédés du théâtre notamment dans la gestion des entrées-sorties, des acteurs sortent du cadre pour permettre à ceux qui restent de s'exprimer et c'est exactement ce qui se passe avec la fabuleuse scène où Madsen est seul avec son otage. Un peu comme le gosse qui attend que les parents soient éloignés pour faire des bêtises, et on a là le sommet du film, où Madsen montre son vrai visage celui d'un psychopathe cinglé et sadique, bien loin de l'image du bandit romantique, une séquence d'anthologie. Certains (voir les élucubrations de Wikipédia) se sont crus obligés de chercher des messages subliminaux, des références cachées ou une paraphrase philosophique… laissons les délirer, le film se suffit à lui-même, il est complet, ne nécessite ni prise de note ni relecture, Tarentino sait dire ce qu'il a envie de dire et le fait de suite ! Alors chef d'œuvre ? On y est presque tout juste pourra-t-on déplorer ces allusions constantes à la sous-culture américaine qui ne nous parle pas, et une propension au bavardage (mais ça c'est du Tarentino tout craché) et puis ça manque de femmes quand même ! Mais on ne va pas bouder notre plaisir !