Merci pour cet abricot, Paul.
Je n'ai jamais cru aux adaptations de jeux-vidéo. Un jeu-vidéo est une aventure interactive, avec ou sans scénario, mais dont vous êtes le héros (ou l'héroïne), et qui même quand elle est scriptée, vous procure deux émotions opposées, la satisfaction d'être arrivé au bout, ou à l'inverse l'amertume de voir un énième écran de Game Over (et des nuances quand il y a une véritable écriture). De ce fait, Resident Evil je n'en attendais rien, surtout que le jeu en lui-même avait une base scénaristique extrêmement clichée, largement inspirée de tous les films de zombies, nanars y compris, efficace manette en main, mais aussi dénuée d'intérêt à être portée sur le grand-écran. Que pouvait donc faire Paul W.S. Anderson ? Faire un copié-collé qui nous raconterait la même chose, mais sans que l'on puisse en contrôler les personnages ? Où aurait été l'intérêt ? Du coup il a misé sur la connerie des gamers, a pris le nom du jeu, quelques références, dont l'inévitable Umbrella, ainsi qu'évidemment les zombies, a mis sa femme dans le rôle principal, et a croisé les doigts pour que ça marche. Et devinez quoi, ça a marché ! Et y'a un cinquième film qui arrive ! Néanmoins, bien que ce premier opus fasse à peu près n'importe quoi à tous les niveaux, dont notamment oublier le gore, il a ce quelque chose d'actioner pop-corn con-con qui fait qu'on prend un sacré pied à le mater. Des big guns, une (ex)top-model, une BO de metal de gueudin (Fear Factory, Rammstein, Saliva...), et toutes les scènes d'action se transforment en un joyeux défouloire. Ça n'en fait pas le film de l'année, ni une « bonne » adaptation, juste un produit casual presque malsain, car au final on a presque envie de se regarder dans un miroir et de se demander pourquoi on kiffe autant cette connerie.
Bref, Resident Evil est un bon film, pas techniquement bien-sûr (même si Anderson ressert quelques plans intelligents à la manière de son Event Horizon), mais en terme de divertissement pur. Les phases de gunfights sur fond de Marylin Manson ou Slipknot dépotent, l'histoire est aussi complexe qu'un épisode de Franklin, en somme la réunion des éléments indispensables pour plaire à un public large. On a même le mot qui commence par « sur », celui que l'on trouve dans tous les films du genre, comme « surentraîné », et ici c'est « ça va lui balancer une charge surpuissante », parce que juste puissante c'est pas assez, tout comme les mecs simplement entraînés ce sont juste des gros glandeurs.
Les gamers un peu pisse-froid se plaindront avec des blablablis et blablablas, mais Capcom a fait son adaptation en CGI, reprenant à la lettre la trame du jeu-vidéo, et devinez quoi ? Bah c'était nase, mais en plus très chiant. Les Resident Evil (jeux-vidéo) avaient de belles cinématiques bandantes (à partir du 2 en tout cas), mais 5 minutes par ci par là c'était le maximum de Capcom, 1h30 c'était trop.
Quoiqu'il en soit, et bien qu'étant fan du jeu depuis sa sortie sur PSX et Saturn, j'ai aimé ce film, et il n'a en rien interféré avec mon plaisir ludique. Le principal est que ce que je retrouve au bout de ma manette me convienne, ce qu'il y a ensuite au cinéma n'est qu'accessoire, et puis mes pouces ne s'en plaignent pas de cette pause, au contraire.
Pour conclure, si vous recherchez un actioner pur et dur, sans trop de prises de tête, vous aurez ce qu'il vous faut pour faire redescendre votre niveau d'adrénaline le temps d'une heure et demi. Ceux qui recherchaient une bonne adaptation n'auront quant à eux qu'à se rendre compte d'une chose, ils couraient après un non-sens (et lire le scénario de George Romero qui avait été diffusé sur le net n'y changera rien, étant totalement moisi).
Mention spéciale pour Paul W.S. Anderson, qui m'a permis de voir la foufoune de sa femme sur un écran géant. Merci pour cet abricot, Paul.