Une conclusion (vraiment ?) aussi vide de sens que le reste de la saga

Quelque part, beaucoup attendaient ce Resident Evil : Chapitre final. Non pas que ce sixième opus avait pour but de clôturer avec brio une saga d’action horrifique. Mais plutôt qu’il devait mettre fin au carnage initié par Paul W.S. Anderson en 2002. Et bien que le premier film ait su présenter quelques atouts à sa sortie (non sans masquer d'énormes défauts, surtout vis-à-vis du jeu vidéo qu’il adaptait), la franchise s’est peu à peu enlisée dans le plus grand n’importe quoi qui puisse exister. Jusqu’à atteindre un point de non sens complètement pharaonique, faisant intervenir des clones à tout-va et ressusciter des personnages pourtant décédés (comme Michelle Rodriguez dans Retribution, juste histoire d’avoir un casting un minimum prestigieux). Un dénouement donc inespéré, qui avait tout de même le droit, de par ce statut-là, de finir sur du spectaculaire afin de marquer le coup. D’offrir au public un divertissement qui saura amuser le temps de son visionnage, comme ce fut le cas avec les trois premiers épisodes. Mais vous allez voir que, même à ce niveau, ce Chapitre final se vautre lamentablement au point de décevoir les fans…


Pourtant, dès les premières minutes du film, on sent que le réalisateur Paul W.S. Anderson a voulu voir les choses en grand pour livrer une conclusion épique. En effet, alors que la saga a toujours démontré ses faiblesses en matière d’effets spéciaux et de décors, ce sixième opus décide de revenir à un décor post-apocalyptique à la Mad Max (Extinction l’avait déjà fait) pour le moins crédible. Notamment avec des panoramas qui permettent au long-métrage d’avoir d’emblée du cachet. Même les effets visuels, bien qu’inférieurs à ce qui se fait actuellement, se révèlent être de bien meilleure facture que dans les titres précédents, et cela fait plaisir à voir. Surtout pour une séquence d’action en début de film. Purement gratuite et inutile, certes, mais faisant ainsi la promesse d’un divertissement plutôt efficace qui veut donner au spectateur ce qu’il est venu chercher. Sans perdre de temps à développer ses personnages au risque de les enfoncer encore plus loin dans la médiocrité absolue niveau écriture. Mais au bout de quelques minutes supplémentaires, ce qui s’annonçait comme un joli emballage va se présenter comme du tape-à-l’œil abusif.


Un côté clinquant façon gros blockbuster tentant de masquer le vide intersidéral de ce sixième film, qui essaye encore de creuser son semblant d’univers alors qu’il aurait dû s’arrêter depuis belle lurette. Car pour sa conclusion, Paul W.S. Anderson a voulu apporter une nouvelle révélation sur le personnage d’Alice afin de boucler la boucle, en la ramenant dans le Hive (lieu d’action du premier opus). Une entreprise qui se traduit principalement par un enchaînement sans nom de séquences d’action, de rencontres avec des personnages inexistants et interprétés sans aucune conviction, de références « en veux-tu, en voilà » et… c’est tout ! Juste de quoi alimenter un fil rouge déjà bien maigre par des scènes sans aucun lien devant seulement garder éveiller le public. Mais à ne rien raconter, le film ennuie plus qu’autre chose, allant même jusqu’à nous recracher au visage son intrigue sans queue ni tête de clones et désacraliser des personnages emblématiques du jeu vidéo comme ce n’est pas permis (Albert Wesker en tête). Et tout cela pour quoi ? Pour remplacer le climax spectaculaire tant espéré par un banal corps-à-corps en huis clos et une résolution expédiée en deux temps trois mouvements. Sans compter que pour un film se présentant comme un chapitre final, se terminer sur une (énième) fin ouverte prouve à quel point la franchise est arrivée au plus bas de ce qui pouvait déjà se faire.


L’ensemble aurait très bien pu être sauvé par son seul intérêt, à savoir l’action. Mais même là, le long-métrage ne parvient pas à épater la galerie. Bien que ce film se montre plus énergique que son rival en la matière en ce début d’année 2017 (Underworld : Blood Wars), ce Resident Evil 6 accouche de séquences mal fichues. Le problème ne provient pas de leur exécution, les chorégraphies de Milla Jovovich ayant encore suffisamment de panache pour attirer l’attention des moins difficiles. Non, le gros défaut provient, une fois de plus, de la mise en scène de Paul W.S. Anderson. Ce dernier filme sans aucun génie ses séquences, gâchant toute lisibilité de l’action. Et l’exécrable montage vient empirer le constat, faisant défiler lesdites scènes à une vitesse si hystérique que l’on se demande s’il n’y a pas eu de coupes. Toutes s’enchaînent, parfois sans raison, accompagnées par une bande son discrète et aléatoire au possible (elle résonne avant de s’arrêter d’un coup puis repart bizarrement de plus belle). Une remarque qui s’applique également au moment les plus posés, donnant pour le coup l’impression d’un long-métrage n’ayant qu’une seule envie : se terminer au plus vite. Remarquez, que l’on soit fan ou pas de la franchise cinématographique, à peine dix minutes se sont écoulées que l’on aimerait également voir rapidement le générique de fin pointer le bout de son nez !


Même jusqu’à la fin (si l’on peut vraiment parler de conclusion), la saga Resident Evil aura été d’une incompréhension sans nom. Celle qui fait réfléchir les personnes les plus censées sur sa réussite commerciale déméritée. Si les premiers avaient un capital sympathie, il est tout bonnement impossible de trouver un quelconque atout dans les derniers films de cette franchise calamiteuse. Et ce n’est certainement pas avec cet ultime opus que Resident Evil fera honneur aux jeux vidéo, s’étant eux-mêmes perdus dans l’action à gogo (n’est-ce pas, le 5 et le 6 ?) avant de revenir aux sources avec un septième jeu mieux accueilli par les joueurs, retrouvant l’angoisse de ses aînés. Car il ne faut pas oublier que la peur reste la principale caractéristique de la saga, et non l’aspect « divertissement bourrin sans aucun sens » délivré par les films.

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