Resident Evil Degeneration est un film d'animation, tout en images de synthèse, qui débarqua le 4 février 2009 en France. Pas de sortie sur les écrans de cinéma mais un classique direct-to-video. L'action se situe un an après Resident Evil 4 et trois avant Resident Evil 5. Exploitant le concept de l'univers persistant (univers permettant de fournir régulièrement aux fans des productions sur différent supports : bds, romans, films...), Capcom intercale ce long métrage d'une heure et demie entre deux jeux AAA de sa série d'horreur phare. Résultat ? Une cinématique allongée qui peine à convaincre.
90 minutes pour survivre
Comme mon titre le laisse entendre, l'action se passe dans un aéroport. Claire Redfield, héroïne de Resident Evil 2 et Resident Evil : Code Veronica, joue les baby-sitters de petite indienne. On est aux Etats-Unis, mais déjà ça commence mal. Indien, Amérique, vous pensez naturellement « peau rouge ». Au lieu de nous montrer des Native Americans, les Indiens du film seront issus d'Inde orientale. La tante de la jeune indienne est en Sari. En outre, la petite fille est un copié-collé d'Haruka (Yakuza sur PS2), autrement dit un visage d'ange « kawai » réagissant avec excès au moindre détail louche.
L'aéroport va entrer en quarantaine en raison d'une infection biologique et les passagers sont mordus par des zombies. Un politicien véreux est de la partie, une véritable caricature de caricature. Le héros, c'est Leon S. Kennedy, le soi-disant agent spécial dont le champ de vision est obstrué, à 50%, par une immense mèche. Niveau charisme et crédibilité, on s'éloigne de la base Resident Evil 4. Quant au scénario : tuer les zombies, s'enfuir, sauver les gentils, les enfants surtout, et survivre. Rien de bien original ni d'excitant.
J'appelle Capcom à la barre
Les premières minutes présentent les personnages et installent le spectateur dans un lieu inédit, un nouveau terrain de jeu en somme. Après les centres commerciaux, les trains, les maisons hantées, les caves, les laboratoires... l'aéroport excite la curiosité. C'est d'ailleurs à se demander comment Capcom avait pu faire l'impasse sur ce lieu insolite. Passé la découverte, c'est la faiblesse technique qui saute aux yeux. Les modélisations des personnages et des décors ne font pas vraiment illusion. Surtout pour un spectateur habitué aux derniers films d'animation en synthèse.
Mais le pire concerne l'animation, rigide et antinaturelle, sans aucune souplesse ni humanité. Les mouvements des lèvres sont eux-aussi très sommaires, tout comme les expressions faciales qui ressemblent plus à des grimaces qu'à des émotions. La synchronisation des voix rate également le coche.
Au niveau de la mise en scène - certes sans talent et très clichée, ce qui trouble ce sont les innombrables effets typés jeux vidéo qui annoncent habituellement la fin de la cinématique et le début du jeu manette en main, qui ici débouchent sur une autre séquence dans un manque flagrant de cohérence des transitions. C'est exactement comme si on collait toutes les cinématiques d'un jeu les unes après les autres sans se soucier de l'enchaînement. Les transitions qui permettent au cinéma de créer des ellipses spatio-temporelles débouchent ici sur un sentiment de vide, avec un appel d'air (« prends ton pad, ça va défourailler ») suivi d'un gros pétard mouillé (« fausse alerte »).
La psychologie des personnages et les normes comportementales ne brillent pas plus que le reste. Lorsqu'un personnage se fait attaquer par un zombie, celui-ci ne réagit pas, il se laisse mordre sans même esquisser le moindre mouvement de défense. Au-delà de l'absurde de telles situations, l'amateur de gore n'y trouve même pas son compte puisque le long métrage se voulant grand public on ne verra pas de sang dégoulinant à l'écran.
Le jury va rendre son verdict
Là où les adaptations de la série Resident Evil en prise de vue réelle avaient un côté cheap et second degré qui permettait de passer un moment de franche rigolade et d'extase devant la plastique de Mila Jovovitch, Degeneration ne parvient jamais à s'affranchir de son statut bâtard de longue cinématique. Il lui manque autant un certain génie dans la mise en scène et l'exploitation de ses personnages qu'une meilleure technique pour que le spectateur y trouve, un peu, son compte. Un raté sur presque toute la ligne.