"Mr Anderson, à quoi bon réaliser un film si vous êtes dans l'incapacité d'écrire un scénario ?"
Resident Evil : Retribution est un film qui commence à l'envers. Mais je veux dire, en marche arrière. Le film précédent, Resident Evil : Afterlife finissait sur un paquebot. Nous revoici donc sur ce bateau et nos héros sont attaqués par des gens habillés de noir, affublés de casques de moto et armés jusqu'aux dents avec hélicoptères futuristes et tout et tout...
Donc premières images, Alice est sous l'eau, elle vient de tomber et et elle tire avec ses gun. Le tout est filmé façon Matrix, au ralenti, avec une caméra qui se balade entre les personnages et les balles, et qui tourne et se retourne dans tous les sens. Et la scène suit son court pour nous amener au début de l'attaque. Le tout est d'un esthétisme douteux, mais pour le moins, voici une intro originale.
N'importe qui en conclura que le film commence par la fin. Ce qui, même si c'est loin d'être d'une originalité sans faille, a le mérite d'éveiller l'attention du spectateur dès le départ. L' objectif du film semble clair, nous allons voir ce qu'il s'est passé avant cette attaque et le twist final nous expliquera sûrement d'où elle vient , pourquoi elle a eu lieu, par qui elle est perpétrée et pourquoi ces gens portent des casques de moto en mer. Et avouons le, faire commencer un film par sa fin est audacieux, souvent courageux. C'est une technique qu' Orson Welles a maîtrisé à merveille dans Citizen Kane ou Zemeckis dans Forest Gump. La suite nous prouvera que Welles et Zemeckis ne sont pas des références pour Anderson.
Naïvement, je croyais qu'en terme de nanard sympathique à gros budget Hollywoodien Mickaël Bay et Roland Emmerich se tapaient la part du lion dans ce qui se fait de pire (même si ça reste sympathique, hein...). Hé bien c'était sans compter sur Paul W.S. Anderson qui en plus d'avoir réalisé tous les Resident Evil a également commis des œuvres telles que l'incroyable Aliens contre Prédator, le délicat Vaisseau de l'au delà et l'irremplaçable Mortal Kombat. C'est dire si le type a du bagage ( ça peut paraître mesquin, mais il me semblait utile de resituer le réalisateur dans la globalité de sa carrière pour bien comprendre ce qui va suivre). Hé bien voyez vous, la où le génie d' Anderson nous dévoile toute son envergure, c'est quand à l'issue de cette (longue) scène d'introduction au ralenti filmée à l'envers, il refait simplement partir le film à l'endroit, comme ça, sans explication...
Génie !!!
Combien de kilomètres de bobines économisés, combien de minutes de film gagnées grâce à ce procédé miracle ? En temps de crise, tout le monde apprécie le geste.
Donc après cette intro qui est finalement des plus navrantes, Anderson va s'évertuer à nous prouver qu' il a tout à apprendre en matière de cinéma.
Pour quand même coller un minimum avec la série de jeux dont ce film est issu, nous allons voir apparaître un des personnages (pas très emblématique) de la série : Ada Wong.
Notre héroïne, Alice, se retrouve, on ignore comment, au milieu des rues de Tokyo (scène du premier film il me semble?) où elle se fait attaquer par de nombreux zombis. Après une course poursuite truffées de ralentis et de coups de pieds dans la gueule, elle se retrouve ailleurs ( me demandez pas où), en discussion avec Ada. Très surprise d'être étonnée, Alice lui dit un truc du genre :
-Mais, il y a un instant, j'étais à Tokyo ! »
Et Ada de répondre :
-Ben non (connasse) c'était un quartier de Tokyo reconstitué, la preuve as-tu vu des étoiles ou même la lune ? »
Médusée qu'elle est, La Alice, par cette révélation incroyable.
Et là je me dis ; n'aurait il pas été super judicieux, sur la scène du faux Tokyo, d'avoir un plan un peu large ou en tout cas marquant, montrant ce ciel sans étoile ? Le spectateur aurait ainsi accompagné la surprise de note protagoniste. Hein ? Non ? Ha bon...
Et il se trouve qu'Umbrella a reconstitué plein de quartiers de plein d'autres villes, remplis de zombis. Pourquoi ? Dans quel but ? Aucune idée, personne ne le sait, personne ne le saura jamais et je pense qu'Anderson n'en sait rien non plus.
Alors que Milla Jovovich a enfin revêtu la tenue SM made in « La Fistiniére » qu'elle porte sur l'affiche (après s'être retrouvée à poil, comme de bien entendu), elle retrouve sa fille. Ou plutôt un clone de sa fille. Mais cela n'a pas d'importance non plus. Et cette fille est une sourde-muette qui parle et qui entend. Et là, fallait oser, merci Paulo, le sourd-muet qui parle et qui entend, c'est une trouvaille !
Tandis que des explications farfelues sont livrées par des militaires dont on se fout de savoir qui ils sont, on remarque qu'Alice a un espèce de tic désagréable. Dès qu'une scène d'action se termine, elle te sort une petite phrase du style : « merci pour rien ! » en regardant la caméra droit dans la lentille tandis qu'une explosion explose derrière elle. Moi qui pensait que ce genre de trucs ne se faisait plus depuis l'Arme Fatale ou Buffy contre les vampires...
A un autre moment elle sort des lunettes roses ultra sophistiquées qu'on avait jamais vues avant ni dans aucun autre film et qu'on ne reverra sûrement jamais plus. On sait même pas trop à quoi elle lui servent, mais elles affichent plein de trucs à l’intérieur des verres. C'est de la haute technologie ma bonne madame ,que voulez-vous, je suis dépassé.
Ce film ressuscite aussi la plupart des protagonistes du premier film. C'est avec grand plaisir que nous retrouvons la très charismatique Michelle Rodriguez et ses yeux de cocker battus dans un rôle sans saveur ni intérêt. Mais aussi le personnage de Carlos qui, avec son charisme de croquette pour chien donne l'impression d'en avoir encore plus rien à foutre que dans le premier film. Et enfin la très jolie Jill Valentine, devenue blonde au passage (!!!). D'ailleurs, Jill Valentine possède un collier rouge en forme d'araignée qui pue la manipulation d'inconscient à des kilomètres à la ronde. C'est étonnant qu'Umbrella ait besoin d'un truc aussi voyant pour manipuler Jill alors que Michelle Rodriguez s'injecte simplement un ver de terre zombi par intra-musculaire trapézoïde (ouais, le ver mutant de plusieurs centimètres de long passe par l'aiguille de la seringue large de quelques nano millimètres, cherchez pas, c'est de la science fiction.) Le seul intérêt de cette breloque est finalement de permettre à Alice de la lui retirer et de la détruire lors d'une scène mal inspirée faisant référence à Indiana Jones et la dernière croisade (Quand le nazi essaie de lui détruire la trogne sur la chenille d'un tank, ben là c'est pareil en moins bien).
Au bout d'un moment, nous apprenons qu'Alice était censée ne plus avoir aucun pouvoir particulier dans ce film, puisqu'à la fin, Weasker avoue les lui rendre. Et là quand même, un petit WTF ! Car quand les militaires surentraînés se faisaient bouffer en 5 minutes par 4 zombis, elle se sortait sans une égratignure d'une attaque de plus d'une dizaine de bestioles. Connerie quoi ! (A ce propos, les zombis font de la moto, vous le saviez vous?)
Déjà que ce film ne racontait strictement rien, n'étant qu'un enchaînement clipesque de scènes de bagarres/poursuites toutes plus inutiles et incompréhensibles les unes que les autres, accumulant les faux raccords maquillage, les maladresses et les clichés, le twist final vient nous achever d'un bon coup derrière la nuque : oui, tout ceci était inutile, ce film n'est que la bande annonce géante d'un prochain Resident Evil apocalyptique qui se déroule où ? Je vous le donne Emile : A la maison Blanche !! (Symbole Emmerichien par excellence)
Alors, que retenir de tout ça ?
Tout d'abord, ce film utilise de nombreuses références. A Matrix, à Aliens, à Indiana Jones (et encore, je suis pas sûr que cette dernière soit faite exprès), ce qui en soit n'est pas une mauvaise chose mais qui n'a de cesse de faire revenir sur le tapis une question qu'on est tous en droit de se poser : pourquoi le film ne fait-il pas référence aux jeux vidéo dont il est issu ?
Car si le jeu est un survival horror, le film, lui n'est qu'un mauvais film d'action, ni plus, ni moins.
Nous retrouvons quelques bestioles de Resident Evil 4, quelques personnages par ci par là, mais c'est bien maigre pour une œuvre qui est censée en être l'adaptation. En fait, il aurait été plus judicieux que tous ces films se nomment Umbrella Corp. Mais là ça aurait été moins vendeur et ça aurait obligé à écrire un scénario.
On pourrait s'attarder aussi 5 minutes sur le titre. Pourquoi Retribution (qui en Anglais veut dire punition) ? Mais ça serait mesquin et honnêtement, j'ai pas le courage de me pencher sur la question.
En fait ce film, c'est comme un Mac Do. On vous promet une bonne viande labellisée et tout, mais elle est tellement noyée sous la sauce qu'on en retrouve aucune saveur. A la limite, on reconnaît même pas que c'est de la viande. Ce qui fait toute la différence avec le petit resto du coin, qui même si il n'est pas un resto de grand luxe, vous offre de bons petits plats sans prétention.
Ici, on ressort gavé, la tête et les yeux pleins de garniture d'effets spéciaux pas toujours réussi avec ce sentiment paradoxal : on a pris aucun plaisir, mais y' a rien à faire, un soir où on aura la flemme de faire à bouffer, on viendra voir la suite.