The end ?

Sympa le film, sympa le concept. J'ai lu des analyses intéressantes sur le film, ça semble plausible. Mais bon, est-ce que le côté plausible suffit à faire une bonne histoire ?

La première heure du film fonctionne par son mystère bien entretenu. De plus les personnages parlent, et ils parlent bien de leurs problèmes. Malheureusement cela traite plus du background historique que d'une véritable caractérisation des personnages, mais au moins nous sommes dans une relation conflictuelle (même si elle tend trop facilement aux bons sentiments). Le mystère est entretenu par un jeu de piste intriguant ; en effet, le personnage principal trouve des objets, des indices, qui mènent à d'autres objets, d'autres indices. On ne sait pas trop où ni comment ça va s'arrêter. Parallèlement à ça, quelques phénomènes inexpliqués, des gens bizarres et plein de fausses pistes. Fausses pistes ? C'est que ça devient gênant, les auteurs introduisent un peu de tout. Alors ça se justifie mais bon... niveau divertissement, ce petit jeu lasse un petit peu. Et puis le eptit jeu de piste aurait pu durer indéfiniment.

Ensuite arrive la dernière demi-heure. Là , les choses sérieuses commencent, même si l'action ne s'élève pas beaucoup au dessus du niveau zéro. Disons que c'est là que le concept du film est vraiment mis en avant. Et c'est là aussi qu'on se dit : dommage que les auteurs aient pris une heure entière avant de lancer leur concept, parce qu'en étant un peu plus concis, il y avait moyen de le présenter en 30 minutes, afin de mieux développer le concept principal. Parce que ce concept, il est très bien, mais finalement il n'est que très pauvrement exploité. Quelques plans par-ci, quelques plans par-là, qui ne nécessitent pas vraiment de revisionnage pour mieux les comprendre, il suffit d'y repenser et comme il n'y en a pas beaucoup de la sorte, c'est facile. Et puis il y a ces résolutions. C'était très malin, mais pourquoi ne pas avoir tenté de régler tout le film comme ça ? Ç'aurait pu être incroyable ! Evidemment, le niveau d'écriture aurait dû être plus élevé afin de ne pas trop se répéter. En tous cas, en l'état c'est assez pauvre. Parce que si on retire le concept, il ne reste pas grand chose au film ; l'enquête ne sert finalement pas à grand chose si ce n'est faire patienter le spectateur ; les deux personnages tournent assez vite en rond (heureusement que e héros part se balader de longues heures sans scrupules, abandonnant son pote accro dans cette vieille bicoque.

Niveau interprétation, je vois vraiment ça comme les auteurs qui essaient d'écrire leurs histoires. Ils se disent, tiens, insérons un culte ici, des dealers là. À la fin, j'imagine très bien l'entité comme étant l'auteur qui rappelle ses personnages à l'ordre, leur rappelle que c'est lui qui décide comment ça finit, pas eux, comme si l'auteur ne voulait pas laisser ses personnages libres. Ce qui est un peu dommage au final ; si le concept avait été plus approfondi, avec justement l'auteur qui essaie sans cesse de piéger ses personnages, et eux qui parviennent à s'en tirer, ça aurait pu être cool. Mais vu que ce concept est à peine exploité, la fin est moins riche à mes yeux, voire un peu facile (mais logique, c'était vraiment comme ça que ça devait finir en l'état).

Côté mise en scène c'est plutôt bien léché. Un découpage efficace par sa sobriété. Le jeu de point de vue est un peu faiblement exploité, mais au moins il n'est pas trop exploité non plus. Les acteurs sont franchement bons. Quoique tout ce qui touche à l'addiction du copain barbu est moins crédible (on dirait juste un mec un peu bourré). Mais en même temps, je me dis que si ça avait été plus réaliste, le film aurait vraiment perdu en dynamisme : ça aurait été glauque, misérabiliste, et puis aucun dialogue n'aurait tenu la route... en fait, il n'y aurait qu'un seul personnage pour subir la malédiction consciemment. Et ça, franchement, ça aurait été chiant. La musique non plus n'est pas trop envahissante, c'est très agréable.

Enfin, j'ai beaucoup pensé aux jeux vidéos en regardant ce film. la manière dont le héros tombe sur les objets, la manière dont ceux-ci mènent à d'autres objets, d'autres lieux. Le fait que le personnage passe dans une pièce, il n'y a rien, il passe à nouveau, il y a maintenant un objet. Le point de vue de la caméra aussi m'a parfois rappelé le jeu vidéo, du moins pour des plans fixes à cause du décor épuré et de la mise en place évidente des personnages et des objets importants. Il y a aussi beaucoup de hors champ dans ce film. Il n'y a même que ça. Bon ça ne fait plus partie du jeu vidéo, encore qu'avec "Resident Evil", il y a une exploitation intéressante du hors champs lorsqu'on passe d'un cadrage à l'autre (y a-t-il un monstre dans le fond du couloir que l'on ne voit pas encore ?).

Bref, "Resolution" est très intéressant, mais narrativement, il y a des gros coups de mou et quelques maladresses. Personnellement je recherche le plaisir durant le film, pas uniquement après coup en restituant toutes les pièces du puzzle. Je pense qu'il y aurait eu moyen de booster un peu cette histoire tout en gardant les bonnes idées conceptuelles. Sinon, dans le genre film qui parle d'écriture de scénario, j'ai préféré "Usual Suspect".