Artiste afro-americaine aux influences soul, jazz, gospel et blues, Aretha Franklin a marqué la seconde moitié du 20e siècle par ses tubes entraînants aux textes souvent engagés, symboles de son combat pour les droits des femmes et ceux des afro-americains. Think (Freedom), Respect, I never loved a man, Ain't no way, Natural woman, Chain of Fools... Tant de tubes qui ont fait d'Aretha Franklin " The Queen of Soul ", surnom à la hauteur de sa légende.
Ce biopic retrace la période de 1952 au début des années 70, nous faisant vivre une partie de son enfance tourmentée aux blessures indélébiles, ses premières années chaotiques dans l'industrie musicale, son engagement pour les droits civiques des afro-americains aux côtés de Martin Luther King, sa relation destructrice avec Ted White, avant sa RÉVÉLATION en tant que femme et artiste.
En ciblant sa temporalité sur cette période d'environ 20 ans, Respect met en lumière avec beaucoup de force et d'efficacité le combat d'Aretha Franklin pour surmonter ses traumatismes les plus profonds, vaincre ses démons et trouver la paix intérieure. Sans jamais virer dans le larmoyant, le film va dans l'intimité de l'artiste, en montrant ses failles, sa vulnérabilité face à un entourage souvent pathogène. Meurtrie, blessée, maltraitée, exploitée, c'est la Musique et la religion qui sauveront Aretha des ténèbres.
Le film ne fait pas l'erreur de couvrir une période trop longue de la vie de l'artiste, ce qui aurait inévitablement offert un rendu bâclé et superficiel, tant il y aurait eu à dire si la temporalité s'était étalée davantage. Il ne fait pas non plus l'erreur inverse, de s'éterniser sur certains évènements, auquel cas il serait apparu vraiment longuet. Tout en allant à l'essentiel et en combinant efficacement moments de vie, chansons et apparitions médiatiques, le film dose bien son rythme et nous offre un vrai moment d'évasion.
Choisie par Aretha Franklin en personne peu avant sa mort, Jennifer Hudson livre une prestation de grande envergure dans la peau de la reine de la soul. Aux côtés de l'actrice, on se régale également de l'interprétation de Forrest Whitaker et de Marlon Wayans, très convaincants dans leurs rôles respectifs de patriarche autoritaire et de mari violent.
Accompagné de quelques lignes écrites, le film se termine avec force et espoir, sur les notes d'Amazing Grace, album gospel le plus vendu de toute l'histoire. Avant quelques images d'archives de la vraie Aretha Franklin, sous les yeux d'un certain Barack Obama...