Rest Stop
4.9
Rest Stop

Film de John Shiban (2006)

Je vous ai parlé dans ma chronique d’Alien Raiders (2008) de la petite boite de production Raw Feed à qui la Warner avait commandé six films d’horreur à petit budget destinés au marché DVD. Suite à la très chouette petite surprise que fut ce dernier film, je me suis donc intéressé aux cinq autres films. Je m’en suis procuré certains, dont le premier de cette série, Rest Stop, petit film d’horreur au budget minimaliste, en espérant tomber sur un autre sympathique petit divertissement. Seul long métrage de John Shiban qui s’est depuis reconverti dans la production et l’écriture de scénarios pour des séries telles que Hell on Wheels, Breaking Bad, Torchwood ou encore Da Vinci’s Demons, Rest Stop sera malheureusement une jolie déception. Non pas que le film soit complètement mauvais, il propose suffisamment de choses pour qu’on arrive au bout sans s’ennuyer, mais il se plante sur pas mal de points relativement gênants…


On sent que John Shiban a envie de bien faire. On détecte énormément de bonne volonté dans ce qu’il met en scène mais le manque d’originalité se fait ressentir à chaque instant. Et ceux qui s’intéressent un minimum au cinéma horrifique n’auront aucun mal à trouver les sources d’inspiration du jeune réalisateur. The Hitcher, La Colline a des Yeux, Wolf Creek, Wrong Turn, Monster Man, Jeepers Creepers,… On a cette impression que le cahier des charges du film se composait uniquement d’idées piquées çà et là dans d’autres films que le réalisateur aurait appréciés. Même l’héroïne est un condensé de tout ce qu’il y a de plus cliché en matière de personnage un peu trouillard qui va au final prendre son courage à deux mains et péter la gueule au grand méchant qui a fait bobo à son gentil petit ami qu’il a capturé et torturé. Et double problème, l’actrice Jaimie Alexander (Le Dernier Rempart, la série Kyle XY), très jolie au demeurant, n’a clairement pas le talent pour assumer un rôle dans ce genre de film où tout repose sur les épaules de son héroïne. Son jeu est souvent faux, on lui en demande sans doute trop pour sa maigre expérience lors de la sortie du film, et couplé aux réactions complètement étranges de son personnage (tiens, si je me bourrais la gueule dans une petite cahute alors que mon copain vient de se faire enlever…), on ne croit pas une seule seconde aux émotions auxquelles elle essaie de nous faire croire. Autre point particulièrement gênant, Rest Stop n’a beau durer que 1h25, on retrouve cette désagréable sensation que certaines scènes sont étirées afin de rallonger artificiellement la durée du film. La scène du policier est interminable et aurait gagné en intérêt si elle avait été raccourcie de moitié. Le film aurait également été bien plus percutant si l’introduction n’avait pas été aussi longue et cul-cul.


Mais s’il y a bien un aspect qui est selon moi bien plus gênant, c’est l’arrivée à mi-film d’un côté fantastique. Notre héroïne va se mettre à voir les fantômes d’anciennes victimes du tueur en série, qui disparaitront aussi vite qu’ils sont venus comme un pet dans le vent. On se pose sincèrement des questions. Pourquoi avoir voulu mélanger ainsi les genres alors que cela n’était pas nécessaire ? Pourquoi ne pas avoir été au bout de l’idée de départ ? Pourquoi ne pas avoir plus exploité cette famille de dégénérés habitant un camping-car et qui au final ne servent pas à grand-chose ? On a sincèrement l’impression que le réalisateur avait bien plus d’idées en tête qu’il n’avait de moyens de les mettre en image. En résulte un melting pot assez étrange et parfois un peu dérangeant (dans le mauvais sens du terme). Heureusement, quelques éléments viennent sauver le film du naufrage, à commencer par le côté glauque très réussi de l’ensemble. Petit budget oblige, l’histoire va se voir restreinte en lieux. Et une bonne partie va se dérouler dans des toilettes d’une aire de repos. L’ambiance y est lourde, les lieux sales, remplis de messages sur les murs écrits avec les moyens du bord par d’anciennes victimes, accompagné d’une musique lourde et bien en adéquation avec les images qu’on nous envoie dans les mirettes. Le tueur du film fait également partie des bons points. Son look redneck craspec, qui va et vient sans cesse, qui semble s’amuser avec sa victime, tel un chat jouant avec un pauvre petit lézard entre la vie et la mort. Ce côté très mystérieux, avec l’absence d’explications sur ses motivations, son visage qui n’est jamais dévoilé car très souvent hors champ ou dans l’obscurité. Ce côté ultra violent et sans pitié, avec cet arrachage de doigts à coup de dents ou ces séances de tortures, courtes mais bien dégueux. Malgré son manque d’originalité, il fait peur et est sans doute le personnage le plus intéressant de ce film qui aurait certainement gagné à n’être qu’un moyen métrage.


En s’inspirant un peu trop de ce qui a déjà été fait et en voulant manger à tous les râteliers, John Shiban rate le coche. Rest Stop n’est clairement pas désagréable en soit, mais il n’en demeure pas moins une petite bobine ne présentant que peu d‘intérêt pour qui s’intéresse un minimum au cinéma horrifique. À noter qu’une suite a vu le jour quelques années plus tard sous le titre Rest Stop : Don’t Look Back (2008).


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cherycok
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le 8 sept. 2016

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