J’avais diversement apprécié les films précédents de Gus Van Sant : si j’avais beaucoup aimé l’excellent Will Hunting (1997) ou encore Harvey Milk (2008), j’avais beaucoup moins apprécié My own private Idaho (1991), Elephant (2003) ou Paranoïd Park (2007) où il dépeint, avec beaucoup de talent, je dois le reconnaître, la désespérance d’une jeunesse sans repères et la haine et la violence qu’engendre une société déboussolée.

Restless est a priori un film qui contient tous les ingrédients qu’affectionne le réalisateur : fascination pour la mort, particulièrement celle d'adolescents fauchés au début de leur existence alors qu’ils avaient tout l’avenir devant eux et l’absence, l'indifférence, l'aveuglement ou la démission des adultes, qui conduisent des êtres psychologiquement fragiles à de terribles drames.

Je ne m’explique pas trop le titre choisi par le réalisateur. Restless, cela signifie « Sans repos ». Or, lorsque le film se termine, même si le destin tragique de ces deux adolescents beaux et fragiles nous a touchés au cœur, nous sommes au contraire apaisés et on pense qu’Enoch l’est aussi car il garde de sa brève rencontre avec Annie la joie et le goût de la vie que leur brève histoire d’amour a pu lui insuffler. C’est un film que je n'hésiterai pas à qualifier de magique, plein de grâce, de légèreté et de drôlerie, qui recèle un formidable message d’optimisme et de joie. Esthétiquement c’est aussi un film très travaillé (les vêtements d'Enoch et d'Annabelle, atypiques, hors du temps), les paysages de neige..., rythmé par une bande son parfaite où la musique d’Elliott Smith, lui aussi disparu très jeune, sert de fil rouge.
Roland_Comte
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le 29 déc. 2014

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Roland Comte

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