Le pari n'était pas évident, tourner une histoire somme toute classique de désillusion autour d'une seule vedette ! Seulement la vedette c'est Danielle Darrieux et elle est sublime de beauté et de talent dans ce film. Le ton est donné dès le début, on fait dans le kitch avec ce mariage impossible, mais Decoin en superforme transcende tout ça avec maestria pour notre plus grand plaisir. Et il ose recommencer ensuite avec l'inauguration de l'arrêt du train en appelant à la rescousse les oies et les vaches (un moment on se croirait dans Duck Soup). Les choses sérieuses commencent avec le voyage de Darrieux vers Budapest ce qui permet au réalisateur de nous montrer qu'il peut aussi faire dans l'humour (la scène de la couronne mortuaire). Dans ses tribulations dans la capitale Darrieux joue étonnamment juste altérant la naïveté, l'émotion, la passion, l'insouciance et dans les dernières scènes la culpabilité (c'est quand même quelque chose de voir Darrieux se rouler par terre). Le film se terminera par une fin ouverte entre le grand benêt qui refuse d'en savoir davantage et Darrieux en pleine confusion mentale. Chef d'œuvre !