Je ne remercierai jamais assez Bertrand Tavernier pour m’avoir fait découvrir cette merveille, et par la même occasion, m’avoir donné envie d’approfondir la filmographie d’Henri Decoin.
« Retour à l’aube » partage quelques points communs avec « L’aurore » de Murnau dans son sujet. Dans une Hongrie de conte de fée, une jeune femme simple se marie avec le chef de gare, elle mène une vie tranquille et heureuse, mais un peu frustrante, un beau jour, elle apprend qu’elle doit se rendre en ville pour toucher l’héritage d’une vieille tante éloignée. L’occasion de découvrir un monde nouveau qui la fait rêver. Du rêve on passe vite au cauchemar, avec l’argent de l’héritage, la jeune femme s’offre une robe splendide, histoire de se faire belle. Cette robe qu’elle porte durant toute la seconde partie, sera le symbole de sa perte. Elle devient vite la proie des faux gentlemen odieux qui hantent les nightclub, sujet encore d’actualité. D’ailleurs il est surprenant de voir à quel point Decoin comprend et s’identifie à son héroïne, comme il nous fait ressentir l’angoisse du piège qui se referme sur elle. La mise en scène regorge de trouvailles visuelles formidables, la scène finale dans le commissariat est bouleversante. Quant à Danielle Darrieux, la modernité et la force de son jeu laisse admiratif. Je rejoins donc Bertrand Tavernier pour vous inviter à redécouvrir ce film et ce cinéaste.