Après plusieurs recommandation, je regarde enfin Retour à Reims (fragments), je tient aussi à préciser que je n'avais et n'ai toujours pas lu le livre de Didier Eribon.
Premièrement, je suis intéressé par la forme que prend ce long-métrage, le film s'ouvre avec des plans fixes sur une banlieue, à cela viens s'ajouter une voix-off incarnée par Adèle Haenel
qui lit des extraits (fragments) du livre du sociologue français. Toute l'ambition du film est déjà présente dans ces premiers plans: retracer à travers des fragments l'histoire d'une famille qui subit les mutation d'une société les laissant toujours à la marge.
Ensuite vient s'insérer dans le dispositif des images d'archives diverses et variés: Images de films, d'interview d'époque, témoignage etc... Ces images viennent appuyer le propos du texte lu de manière froide par l'actrice. Ces images s'entrechoquent, s'entremêlent et permettent de raconter une biographie chorale, une "autobiographie impersonnelle et collective" pour reprendre les mots de Annie Ernaux. Car en effet, ce n'est pas tant son histoire personnelle que veut raconter Jean-Gabriel Périot, mais bien celle d'une classe sociale, son évolution à travers le temps, du passage du vote communiste à celui de Le pen.
Aussi, à travers ce film, le réalisateur analyse les différentes dynamiques sociales qui meuvent la classe sociale ouvrière: le refus de poursuivre l'école, l'acceptation de l'usine comme lieu de travail à vie sans l'aimé, la monté du communisme, celle de l’extrême droite et le racisme naissant. Cette histoire est analysé passé au crible par l'analyse de Eribon qui permet de voir sous un autre angle comment le prolétariat (je sais pas si le terme est bien employé) s'est fait maltraité par la classe dominant qui possède le capitale, et la servitude volontaire que cette famille semblait avoir.
Enfin, le film se termine sur un cri d'espoir, celui d'une gauche qui peut renaître à une époque où elle est divisée, ce cri d'espoir, cet épilogue tranche avec le reste du documentaires, on quitte l'analyse froide pour mieux faire se lever les foules: ça danse, les fumigènes sont nombreux et la musique s’accélère, à cela vient s'ajouter une succession de discours fait par toutes les classes sociales.
En conclusion, ce film est important aujourd'hui, il nous explique comment nous en sommes arriver la, et nous permet de mieux comprendre le monde aujourd'hui.