High Cruel Musical
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C'est pour moi le troisième Audiard, avec Un prophète, et Les olympiades. J'avais vu le second à sa
sortie, je ne m'en souviens donc que très vaguement, tandis que j'ai visionné le premier plus
récemment, et il m'avait laissé une bonne impression. C'est donc sans connaître précisément la
personnalité de Jacques Audiard, mais avec une connaissance de la surprise qu'il avait suscité à
Cannes, que je découvre Emilia Perez. Le dernier opus du cinéaste surprend d'emblée. Un travelling
rapide, avec une profondeur de champs laissant place au flou, associé à une musique très
électronique nous fait voir des artistes musicaux caricaturales du Mexique, nous introduit le décor :
Mexico. Avec la ville vient donc les clichés qui lui sont associés, et c'est un Mexique qui semble
fantasmer qu'Audiard à choisi comme décor de son dernier film. Mais le fantasme laisse place à une
mise en scène poreuse : adoptant d'une part une caméra porté faisant croire à un film réaliste, le film
embraye rapidement avec des scènes musicales. Nous avons donc un film ambiguë, à la croisée des
genres, le thriller sur les cartels d'un côté, la comédie musicale de l'autre. Cette ambivalence se
retrouve aussi dans le personnage d'emilia Perez, le personnage qui donne son nom au film mais
que sera présenter qu'après celui de Rita, qui est un mafieux caricaturale qui souhaite changer de
sexe. Cette idée simple est l'argument du film : par les yeux de Rita, nous voyons un homme, au
sommet de sa virilité, tout quitter (travail, masculinité et famille), au profit de son changement de
sexe, ce qui constitue d'une part un rabaissement social, car comme l'ont montré les études sur le
genre et le sexe, opérer un changement de sexe dans ce sens constitue une dévaluation social dans
une société où l'homme viril constitué un idéal, et d'autre part une remise en question de la vie
passée d'Emilia qui se rend compte du mal qu'elle a fait dans son passé.
La frontière poreuse entre les genres de la mise en scène appui donc parfaitement la frontière entre
les sexes et les genres que se propose d'illustrer le film : le corps massif d'Emilia, vestige de son
passé mafieux, trouble les attentes et la cadres dans lesquelles évoluent les corps sexués, d'un sexe
ou de l'autre. La dualité s'effondre donc, la masculinité ressort ici et là chez Emilia, et les genres se
troublent, permettant à ce personnage de s'affirmer, de persévérer dans son être.
Toutefois, elle ne réussira pas complètement à se détacher de son passé, et son désir de retrouver sa
famille reprendra le dessus, la poussant à se faire passé comme une cousine du mafieux qu'elle était,
elle se retrouvera à cacher sa transsexualité à ses enfants et son ex-femme. Cette situation la
poussera à adopter un comportement qui doit lui permettre à la fois de rester proche de sa famille
sans en faire trop pour ne révéler son ancienne identité sexuel, et cette situation poussera
malheureusement le film à adopter une mise en scène plus convenue, laissant la folie du montage de
la première partie pour un découpage plus convenue en dehors des scènes musical.
Ces scènes offrent donc une continuité entre la première et la seconde partie, l'inventivité de la
première se retrouvant dans la créativité de la scène où Selena gomez se sent prise au piège dans la
maison d'Emilia, ou au galla organisé pour lever des fonds au profit de l'association créée par la
protagoniste donnant son nom au film.
Malgré tout, le schéma narratif convenue du film l’engourdi, le faisant aller là où nous attendons
qu'il aille, faisant ainsi s'évaporer la tension qu'il essaye pourtant de nous faire ressentir. Ainsi il se
débattra contre lui-même, allant dans des directions incompatibles, manquant d'audace sur sa fin,
pourtant présente au début, il perdra en intensité, s'achevant dans un final convenu et prévisible,
faisant passer le personnage d'Emilia de mafieux craint par tous, à une sainte à laquelle on voue un culte
Créée
le 24 août 2024
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