Le Comte de Monte-Cristo par raphael aubanel

Caméra portée, tempête, bateau enflammé. Une femme en train de se noyer se fait sauver. Nous n'avons pas vu l'accident, mais les conséquences de ce dernier. Déjà, plusieurs problème s'annonce, dont un primordiale, qui fera passer le film à côté de certaine scènes auxquelles il semble pourtant accorder des espaces primordiales, qui tient autant de l'incompétence technique que un choix artistique: le numérique. Tout est lisse, plat, des mouvements de caméra au texture, tout empêche de ressentir la matérialité des étoffes, des vêtements que portent les personnages, nous faisant donc passer à côté du travail des décorateurs, qui semblent de loin être excellent, mais que le numérique ne cessera d'annihiler. Aussi, le numérique a pour effet de déréaliser ce que nous voyons, nous le rend distant, nous fait tiquer, semble réel mais nos sens nous révèle bien la facticité de ce que nous voyons, poussant le film a tomber dans une zone d'incertitude. Alors vient les effets spéciaux, qui prolonge cet effet, l'accentue, le prolonge et achève de retirer toute sensations provenant de la matérialité du film. Si la matérialité importe tant pour un film d'époque, c'est bien que le film d'époque doit donner non pas une version documentaire de l'époque qu'il veut reproduire, mais la sensations cette même époque. Alors, utiliser le numérique est un pari des plus risqués, et sa maîtrise doit être parfaite pour participer au réel du film, et non pas produire ce qu'il doit fuir: le kitsch.


Tout le film se veut être premier degrés, mais le versant de cette volonté, c'est croire trop profondément à ses capacités, et ainsi que le film devienne ridicule. Entre la mise en scène plate manquant d'inspiration, les dialogues (qui semblent être tirés directement du texte de Dumas) sont telles que le jeux d'acteur doit être toujours bon, ne pas manquer de subtilité. Or, tout comme les trois mousquetaires, les acteurs semblent attirer par la grandiloquence du texte, le tragique aspire les acteurs, les perds, forçant leur jeux à perdre en subtilité, créant des instants où Laurant Lafitte cabotine, accompagné de Patrick Mille, dans lesquelles le ridicule de la scène provoque le même effet que le numérique, et même le continue et l'accentue. Aussi, la mise en scène, qui manque d'imagination, de nouvelle idée, ne fait qu'adapter la mise en scène des Trois Mousquetaires par rapport aux critiques faites à ce dernier, produisant ainsi une œuvre non pas constitué des envies de l'auteur, mais répondant à un cahier des charges, venant d'une part des producteurs de Pathé, d'autre part des critiques de toute parts, autant professionnel que amateur. Cela fait que le film compile une série de clichés usés jusqu'à la corde: caméra épaule, vue provenant d'un drone, musique pléonastique, mouvement d'appareil excessivement numérisé... faisant de ce film un empilement inintéressant de choses déjà vu mille fois ailleurs, mais sans rien y ajouter. La musique, le scénario et la mise en scène sont innervé de ces défauts, participant à la difficulté de croire en ce film comme un film autonome, et original.


Le film déroule donc sous nos yeux, enchaînant à une vitesse excessive les "moments de scénario" sans laisser le temps de s'attacher au personnage, l'exposition n'est pas efficace, elle est expéditive, elle fait donc perdre ce que nous pouvons attendre d'un film de 3h: une attache émotionnelle. Mais la volonté de compiler le (très) long texte de Dumas en un seul film, produit nécessairement cette effet, pourquoi donc effectuer ce choix alors qu'il avait était évité pour leurs précédentes adaptation de Dumas? Le film en pâtit profondément, forcé d'enchaîner les éclipses, les personnages perdent en substance, la mise en scène perd en efficacité, alors forcé d'enchainer les moments de bravoures, les supprimant alors eux même du fait de leurs répétitions. Ne reste alors qu'un flux continue d'images, dont aucune ne reste, dont aucune ne marque, dont aucune de transcende le reste, souligné par une bande originale qui ne l'est pas, sursignifiant, tout comme la mise en scène l'est. Mais il ne faut pas voir là un choix artistique, esthétique ou philosophique, mais bien une contrainte commercial, qui comme on l'a vue, est imposé et restreint toute possibilité artistique aux réalisateurs.


Reste donc un divertissement, tenant plus de l'agréable que de la recherche artistique, du commercial que de l'expression personnel, perdu dans une œuvre trop importante pour être adapté sur la durée d'un film unique. Les potentialités du film ressortent malgré tout ici et là, mais restent à l'état de virtuel, laissant le spectateur d'autant plus frustré, qu'une œuvre intéressante était à porté de main.


raphAub
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le 21 juil. 2024

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raphael aubanel

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