A paradis donné, on ne compte pas les cocotiers...

Il y a dans ce film trois points qui peuvent (malgré ma note mitigée) vous donner envie de consacrer 1h30 de votre curiosité à ce "Retour au paradis" :



  • le premier et le plus évident : Gary Cooper. A 50 ans passé, le comédien offre une composition encore très crédible de l'aventurier globe trotter. Désinvolte et épris de liberté, on dirait que Cooper, l'acteur comme son personnage, viennent de trouver leur coin de paradis éphémère. Débarqué d'on ne sait où, sur un atoll du pacifique (tourné sur l'île polynésienne de Upolu, île de l'archipel de Samoa au large de l'Australie), il cherche un endroit où construire sa hutte au soleil. Evidemment le scénario ne lui épargnera pas, une fois de plus, une dose d'héroïsme quasi miraculeuse. Et dans ce cas les ficelles du scénario sont aussi grosses que des cordages de marin. Mais avec Gary Cooper on n'est jamais à l'abri de se prendre au jeu et de croire qu'il est bel et bien un héros. Incarnation de la nonchalance et de l'humilité, il donne par son jeu ce rien d'essentiel pour calmer les aspirations trop lyriques si prisées par les scénaristes hollywoodiens.


  • le deuxième point : la réalisation assurée par Mark Robson, auteur hétéroclite touchant aussi bien aux films d'épouvante qu'aux sujets plus engagés, apporte quelque chose de singulier à ce film d'aventure. Les premières minutes m'ont évoqué (dans le montage et la direction des acteurs) quelque chose du cinéma muet. On s'attend dans les premières secondes à voir apparaître des cartons d'intertitres. Cette singularité apporte un charme particulier à cette introduction et lui donne presque les accents du conte. Cette impression s'estompe au fur et à mesure, pour laisser parler une narration lente et chaloupée. Les cadrages, les couleurs et les compositions sont en harmonie. Les décors sont magnifiques, les éléments (l'océan, la pluie, le sable...) distillés avec intelligence.


  • Le 3e point : la majorité des acteurs (en dehors de Cooper et du personnage du pasteur) sont campés par des autochtones. La plupart de ses personnes ne sont pas des comédiens professionnels, ce qui a pour effet d'apporter un souffle scolaire mais surtout une fraîcheur anti-hollywoodienne. Pas d'affectation dans leur jeu ou leur présence à l'écran. Robson filme très joliment les cérémonies, les danses, les chants , les scènes de la vie quotidienne de ce village océanien qui garde toute son authenticité à l'écran. Sans faire dans l'étude anthropologique, ces scènes sont pourraient presque, si on coupe les parties concernant l'histoire, constituer un petit documentaire sur l'art de vivre en Océanie dans la première moitié du 20e siècle.



Ah oui, j'oublie un quatrième point : Gary Cooper (encore lui) faisant exploser les vitres de l'église à coups de fusil sous les yeux médusés du pasteur... rien que pour cette scène d'une beauté jubilatoire (pour Gary et pour le symbole) ce film vaut la peine d'être vu ou revu.


Alors pourquoi une note aussi basse ? A cause de son scénario que se dispute sans cesse mièvrerie éhontée, clichés de pacotille et incohérences impardonnables. De nombreux films souffrent d'une très mauvaise histoire, ce "Retour au Paradis" n'est pas le seul dans ce cas. Mais dans celui-ci, il y a Gary Cooper. Alors je lui pardonne tout... ou presque !

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le 15 juin 2016

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