3 ans après le succès d'8 mile, c'est au tour d'un autre gros produit de l'écurie de Dr Dre à obtenir son biopic sur grand écran. 50 cent succède à Eminem, on passe de Detroit à New-York, de Curtis Hanson à Jim Sheridan, d'Universal à Paramount, des battles aux fusillades. Ce sont deux styles de vies différentes, mais elles ont chacune leurs racines dans la pauvreté et souffrent de l'absence d'une figure paternelle.


C'est difficile de ne pas comparer les deux films, tant le schéma est presque identique, même si la manière est différente. 8 Mile était ancré dans une certaine réalité avec une bande son composée de classiques du hip-hop et trouver le moyen de transcender l'histoire grâce aux battles. Le vécu de 50 cent est plus éprouvant, mais cela reste un film de gangster classique avec des morceaux de sa propre prose composant la bande son. Le long-métrage n'a pas vraiment d'identité en donnant surtout le sentiment d'être une grosse machine publicitaire pour l'artiste. Il tire son titre du premier album du rappeur Get Rich or Die Tryin' qui reste son plus gros succès avec 15 millions d'exemplaires vendus. En dehors de LL Cool J et des Beastie Boys, on entend pas d'autres sons des différentes époques ou se déroule l'histoire. On aperçoit des affiches de Public Enemy, Dilated People ou Gangstarr, mais on entend du 50 cent, alors qu'ils n'existaient pas à cette époque. Cela ne rime à rien, sauf à rappeler l'existence de l'ost.


Sa vie est une tragédie, de celle qui semble valoir la peine d'être transposée à l'écran. 50 cent a écrit sa légende en survivant à une tentative de meurtre. Malgré 9 balles dans le corps, il va s'en sortir et même en retirer du positif avec un flow lui permettant de sortir de la masse. Le film s'appuie sur ce drame, en revenant en arrière pour nous montrer comment il en est arrivé là. L'enfant baigne déjà dans le rap et veut en faire son métier. Mais d'un drame à l'autre, il va être obligé de grandir dans la rue et la pauvreté. Au début, il ne semble pas vouloir enjoliver cette vie-là en expliquant que l'argent de la drogue ne rapporte pas grand chose, surtout si on prend en compte le temps passé dans les rues et les risques encourus. Puis, il peut s'offrir de belles baskets, une grosse voiture et son discours se transforme en un hymne au dieu dollar et on trouve ça cool..... Du drame, on passe à un récit classique avec son quota de fusillades, sang, coups, boobs, pizzas et insultes.


On se demande si Jim Sheridan est vraiment à la manœuvre, mais on a surtout la sensation qu'il n'est pas maître du film et doit faire avec les caprices de sa diva au jeu d'acteur monolithique. 50 cent a un regard vide et cela se ressent dans son jeu où il ne semble pas en mesure de se sublimer pour donner plus de profondeur à son propre personnage. Pourtant, il avait toutes les cartes en main avec sa destinée semblant toute tracée, mais dont il va pouvoir échapper grâce au pouvoir des mots. Le moindre fait important est survolé, pour ne pas perdre de vue son acteur principal. Je peux comprendre que le projet tourne autour de lui, moins que des événements ne soient pas suffisamment mis en lumière surtout à la vue de leur influence sur la mentalité de cet homme, ni que ses acolytes restent dans l'ombre.


Une oeuvre à la gloire du gangsta rappeur 50 cent où rien ne marque vraiment l'esprit, même si Bill Duke en impose à tout le monde en quelques minutes, ce qui confirme l'absence de charisme du reste du casting, même si on retrouve des acteurs sympathiques et le charme de Joy Bryant. Seulement pour les amateurs du genre.

easy2fly
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le 10 déc. 2016

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Laurent Doe

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