Avec Revanchist, l’établit chef-opérateur Chong Yan-Gin enfantait quelques-unes des scènes les plus cultes du film d’action martiale, laissant le plus souvent son spectateur perplexe (ah, cette fameuse scène de cassage d’œuf, au sens propre comme figuré). Au milieu d’une reconstitution historique réussie, Chong Yan-Gin dynamite un récit on ne peut plus usité : sombre histoire mêlant des guerres de clans mafieux et de liens avec l’envahisseur japonais. L’auteur nous convie alors à une exubérance filmique déchainée où les litres de sang se répandent et jaillissent dans la surenchère. Toile de fond historique pour affrontements déjantés, Revanchist sacre un melting-pot fou-furieux avec des personnages caricaturaux à vomir (comme les interprétations) qui défient les lois de l’attraction. C’est à l’image de ces corps projetés qui coupent le souffle. On assiste alors à du wire fu qui passe par le softporn tout en se sublimant dans l’Heroic Bloodshed.


Chorégraphiés par trois des acteurs, avec en tête Alexander Lo Rei, les scènes d’actions de Revanchist sont montées au couteau, rendant l’ensemble épileptique. Le film dégaine des gunfights où les armes ne se rechargent jamais, et où les impacts propulsent leurs victimes à plusieurs mètres. Dans son final apocalyptique, il se paie même le luxe d’un combat au sabre qui rappellera quelques chanbara d’exploitations seventies mixé à des envolées wu xia pian-iste. En somme, un régal. Alors certes ! Certes, Revanchist n’échappe pas à quelques moments un peu creux. Si l’intrigue des rivalités mafieuses est ce qui marque le plus avec ses histoires de loyautés, d’amitiés et de trahisons, on n’oubliera pas ce drame familial teinté de romance qui se joue aussi. Là pour le coup, le film tombe dans une espèce de faux-rythme où les manigances sont orchestrées. Le milieu du film (seconde partie) est quelque peu plombé puisqu’aucune scène véritablement « choc » ou distrayante ne vient convulser ces passages le plus souvent mornes. Dommage. Parce qu’au-delà de ce bémol, on s’amuse des séquences inconcevables qui parsèment ce long-métrage exalté, labellisé du sceau de la Category 3, notamment pour l’exposition des codes et signes du monde des Triades.


Revanchist est de ces productions d’un autre monde qui se prennent au sérieux du début à la fin. Une bisserie nanarde qui fait un bien fou. L’amateur en sera enjoué. Le profane en aura les yeux écarquillés.


(voir peloche et + : https://hongkongmovievideoclub.wordpress.com/2014/03/24/revanchist-1994-chong-yan-gin-avis-review/)

IllitchD
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le 12 juil. 2014

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