Un ponte de l’industrie de la cigarette décide de tourner casaque et de désormais servir l’industrie de Bien.Un journaliste très bien intentionné va l’aider dans sa périlleuse aventure. Manipulations, noirs complots, cynisme comme moteur de l’histoire, et cætera. La révélation en question c’est de crier au monde que la cigarette est dangereuse pour la santé.Si si. Apparemment aux States personne n’était au courant avant le terrifiant scoop de Michael Mann...En tout cas toute l’intrigue se joue entièrement la dessus, avec une espèce gravité plastronnante comme si l’enjeu était de révéler la présence d’Aliens sur Terre, ou de mettre à jour un sombre projet chinois d’atomiser Washington..Mais non : c’est juste l’histoire d’un brave type qui veux sortir une info de portée universelle que tout le monde connait déjà depuis 40 ans, tandis qu’une bande de très très mercantiles gus (très mercantiles, donc très très méchants, hein) met tout en oeuvre pour empêcher la pseudo révélation galactique de se réaliser.Sous son manichéisme indigent le propos réussi malgré tout à être confus,Mann n’ayant jamais été du parti du simple quand il peut transformer ses intrigues édifiantes en boursouflures compliquées.Il n’oublie donc à aucun moment de prendre son public par la main en lui rappelant lourdement la gravité de l’heure : camera à l’épaule, inévitables ralentis, images tremblotantes, zooms scrutateurs et peu académiques sont là pour appuyer en permanence la démarche d’un cinema-vérité qui veut délivrer son message coute que coute, infusant dans la moindre scène, y compris la plus anecdotique, l’idée plombante que tout y est forcément lourd de conséquence et que le drame se joue à la moindre grimace de Pacino, ou à chacun des regards de droopy neurasthéniques du ridiculement moumouté (merci au perruquier d ’ »I comme Icare »..) et très transparent Russel Crow, qui a force d’impassibilité surjouée sort peu à peu du film.Michael Mann, ou le cinéaste le plus ridiculement crâneur d’Hollywood.