Let's the music play
Le fascinant portrait d'un jazzman à l'orée de son apogée musicale à l'époque d'un de ses rares concerts parisiens (nous sommes en 1969). Moins couru que ses fameux compères Miles Davis, John...
le 23 avr. 2024
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Le fascinant portrait d'un jazzman à l'orée de son apogée musicale à l'époque d'un de ses rares concerts parisiens (nous sommes en 1969). Moins couru que ses fameux compères Miles Davis, John Coltrane ou encore Dizzy Gilepsie il accepte cependant une interview pour la télévision française la veille de sa représentation.
C'est ce moment précis que capte le cinéaste Alain Gomis par l'entreprise d'un montage à bases d'archives dont les modulations se sont quelque peu grippées avec le temps. Celui-ci alterne entre des moments anodins (son arrivée à l'aéroport de Roissy, son transport jusqu'au studio d'enregistrement) et des instants ou sa mélodie le dispute à son désarroi face à une situation qui semble particulièrement lui déplaire. Car ce qui intéresse pleinement le documentariste n'est pas la captation de cet entretien, mais ce que révèle son "backstage". On y voit un Monk interloqué et dépité de ce que lui fait subir une sommité également pianiste de profession.
Le Rewind du titre tire le parti d'étirer le temps afin d'étudier la mécanique rigide d'une telle émission populaire, grâce à des retouches parcimonieuses du son et de l'image. Interrogeant ainsi la pertinence de la culture télévisuelle de privilégier la "peopolisation" des vedettes au détriment de l'œuvre en question, ce qui n'a jamais été autant d'actualité depuis l'avènement et l'hyper médiatisation des télés crochets. Le Play laisse quant à lui toute latitude à l'artiste d'exprimer son génie musical à travers des arrangements orchestraux de piano. Des séquences ou l'on sent Monk respirer un air bien plus créatif, tout en sérénité, alors que l'angoisse transparaît à pleines goutes lors de ses face à face.
Si l'on devait trouver un bémol au procédé, ce serait sa courte durée (à peine plus d'une heure) ainsi qu'une prise de son assez brouillonne (sans doute est-ce dû à la mauvaise qualité des enregistrements sonores de l'époque, que le montage tente de rattraper du mieux qu'il peut). Dommage car la proposition est singulière et assez réjouissante.
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le 23 avr. 2024
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