⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

C'est le 2e film de Miklos Jancso que je vois, et je retrouve certains traits. Peu de paroles, un goût pour le plan-séquence, la chorégraphie et les acrobaties équestres, un contexte politique important mais qui n'est jamais explicité, et dont on ne voit que les effets. Le film est plus statique et allégorique que Rouges et blancs. Plus hermétique, aussi. J'aurais dû réviser mon histoire de la Hongrie.


On suit donc des personnages de la Belle Epoque aux années vingt. Je viens de lire que c'est la première partie d'un diptyque, la suite évoquant la Seconde Guerre Mondiale. Je vais vous dire ce que j'en ai compris. Il y a deux frères hongrois, qui font carrière dans l'armée austro-hongroise. Il y a Istvan, le blond barbu solaire et emporté, et Gabor, plus lettré et nettement plus en retrait. Le film s'ouvre sur une fête champêtre à l'occasion d'élections. A côté des officiels et de leur battage vulgaire, il y a un leader agrarien qui dit des choses en faveur du peuple. Si j'ai bien compris, Istvan reçoit l'ordre de liquider le leader, ou bien leur mission dégénère et il tue quelqu'un nommé Andras Baksa. Vient ensuite la Première Guerre Mondiale, où Istvan se montre dur envers ses troupes, pratiquant la décimation. Il est profondément troublé lorsqu'il apprend l'abdication de l'empereur, et cherche difficilement une nouvelle raison d'être fier. Il flirte avec une femme. Il y a ensuite une séquence de fête décadente au cours de laquelle sa compagne se suicide, avec d'autres gens, d'un air désincarné. Istvan organise ses funérailles en plaçant le cercueil sur un radeau auquel il met le feu. Viennent ensuite des réflexion sur les soviets, on se situe visiblement sous Bela Kun et la république des conseils. Istvan n'aime pas les communistes et organise des corps francs. Il flirte avec un homme politique (Szeles-Toth, je crois), qui finit par le mettre devant le fait accompli : il doit accepter la dissolution de ses corps francs et devenir ministre de l'agriculture pour faire passer une politique réformiste. Istvan ne l'accepte pas, il semble victime d'hallucinations, en tout cas je n'ai pas compris cette scène où une femme qui a subi des outrages de ses soldats lui tire dessus, tandis que son frère le psychanalyse. On le voit ensuite dans une ferme, où il se bat à nouveau contre Andras Baksa. Je crois que cela veut dire qu'il lutte contre sa culpabilité et tourne le dos à la carrière politique pour devenir gentleman-farmer, mais cela n'a rien d'évident. La dernière séquence fait écho à celle du début : une fête champêtre où cette fois Istvan se trouve du côté des paysans.


(Je ne mets rien en spoiler, car je ne suis pas bien sûr de ce que j'ai vu).


Difficile de faire la critique d'une oeuvre qui vous a largement échappé. Je retiens que Jancso maîtrise la couleur avec autant de maestria que le noir et blanc. Quelles scènes magnifiques que celle du cercueil en feu, ou celle où, ayant appris la dissolution des corps francs, Istvan sort son sabre et fouette des rangées de sabres plantés sur fond de crépuscule : on ne voit que sa silhouette noire, en partie voilée par de la poussière. Il faut dire que Jancso filme magnifiquement les paysages, et dans ce film l'influence de John Ford saute aux yeux dès les premières minutes, peut-être plus même que dans Rouges et blancs.
Ici, le travail porte moins sur les mouvements d'appareil que sur le minutage des plans. Si j'ai bien compris, tout est allégorie. Un exemple : les personnages qui annoncent à Istvan qu'il a perdu sa place disparaissent de manière invraisemblable quand la caméra revient à l'endroit où ils se trouvaient, car leur fonction était symbolique. Après quoi Istvan est accueilli par sa filleule, figure d'enfant-témoin, qui le guide jusqu'à un perron, après être passé devant ses parents, figures immobiles, momifiées, symboles d'un passé disparu : il est accueilli par des paysans, qui le poussent à devenir ministre. Tout le but de ce plan-séquence n'est pas de recréer une soirée réelle, mais de condenser à travers le symbole l'évolution psychologique et politique du personnage, son trouble, ses hésitations.


C'est original, mais un peu trop statique et mutique pour mon goût. J'aime être dérouté par un film, mais pour de bonnes raisons. J'ai compris que les personnages étaient tiraillés, et que cela avait traît à l'histoire de la Hongrie, mais je n'ai pas compris ce qui les tiraillait.


A noter une scène de bagarre à main nue qui peut faire concurrence à celle de They live. Vu à la cinémathèque, salle Franju (encore bondée).

zardoz6704
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Une scène de baston interminable et L'empire austro-hongrois au cinéma

Créée

le 1 nov. 2015

Critique lue 492 fois

1 j'aime

8 commentaires

zardoz6704

Écrit par

Critique lue 492 fois

1
8

D'autres avis sur Rhapsodie hongroise

Rhapsodie hongroise
zardoz6704
6

L'allégorie sans le contexte.

C'est le 2e film de Miklos Jancso que je vois, et je retrouve certains traits. Peu de paroles, un goût pour le plan-séquence, la chorégraphie et les acrobaties équestres, un contexte politique...

le 1 nov. 2015

1 j'aime

8

Du même critique

Orange mécanique
zardoz6704
5

Tout ou rien...

C'est ce genre de film, comme "La dernière tentation du Christ" de Scorsese", qui vous fait sentir comme un rat de laboratoire. C'est fait pour vous faire réagir, et oui, vous réagissez au quart de...

le 6 sept. 2013

56 j'aime

10

Black Hole : Intégrale
zardoz6704
5

C'est beau, c'est très pensé, mais...

Milieu des années 1970 dans la banlieue de Seattle. Un mal qui se transmet par les relations sexuelles gagne les jeunes, mais c'est un sujet tabou. Il fait naître des difformités diverses et...

le 24 nov. 2013

43 j'aime

6

Crossed
zardoz6704
5

Fatigant...

"Crossed" est une chronique péchue, au montage saccadé, dans laquelle Karim Debbache, un vidéaste professionnel et sympa, parle à toute vitesse de films qui ont trait au jeu vidéo. Cette chronique a...

le 4 mai 2014

42 j'aime

60