The Untold Story
Très hypé par la bande annonce qui annonçait une comédie française sortant des sentiers battus, avec un humour noir, méchant, caustique, et même un côté gore et politiquement incorrect, Barbaque...
Par
le 31 janv. 2022
22 j'aime
Le site est de retour en ligne. Cependant, nous effectuons encore des tests et il est possible que le site soit instable durant les prochaines heures. 🙏
Le Syndicat du Crime (1986) de John Woo a eu l’effet d’une bombe dans la production cinématographique hongkongaise. Il a certes lancé le genre Heroic Bloodshed, avec des dizaines et dizaines de copies plus ou moins bonnes qui ont vu le jour par la suite, mais il a aussi et surtout fait exploser la carrière de son interprète principal, Chow Yun-Fat. C’est simple, rien que l’année suivant la sortie, 1987 donc, il est au casting de pas moins de 11 films. Parmi eux, on retrouve Rich and Famous et sa suite Tragic Hero qui forment une saga criminelle se déroulant sur plusieurs années et traitant comme souvent dans ce genre de films (surtout à Hong Kong), de loyauté, de trahison, d’honneur, de fraternité ou encore de lâcheté. Autant Tragic Hero a bonne réputation auprès des amateurs de peloches HK –le film a même eu droit à une sortie VHS chez nous sous le titre Black Vengeance- autant Rich and Famous est bien plus décrié. Alors peut-être était-ce parce que je n’en avais pas forcément lu ou entendu beaucoup de bien et que, du coup, je n’attendais rien, mais je suis ressorti plutôt surpris de son visionnage, et surtout satisfait de ce que je venais de voir. Certes, Rich and Famous a des lacunes, mais il reste un bon film de triades comme Hong Kong sait les faire.
La production du film et sa sortie sont un peu particulières. Déjà, ce qu’il faut savoir, c’est que Tragic Hero, le 2ème opus donc, est sorti au cinéma avant le premier. En effet, les deux films ont été tournés simultanément, par plusieurs équipes différentes, avec un énorme casting de stars de l’époque, et les producteurs n’étant pas contents du résultat de Rich and Famous, décident de faire l’impasse et de proposer directement sa suite, Tragic Hero, plus orientée action, mais sans conviction là non plus. Contre toute attente, le film est un joli succès, remportant 19M$HK au box-office. Il n’en fallait pas moins pour que les producteurs changent d’avis et sortent, rapidement après, le premier opus en le faisant passer pour une préquelle. C’est à nouveau un succès avec environ 21M$HK de recettes, et même si ce duo de films est bien moins important aux yeux du public que le Syndicat du Crime (et même sa suite) et The Killer de John Woo dans le genre Heroic Bloodshed, ils sont nettement au-dessus de la moyenne du genre sur bien des points. Mais on reviendra dans une autre chronique sur Tragic Hero, parlons plutôt de Rich and Famous. Très rapidement, on sent l’inspiration de films tels que Le Parrain ou Il Était une Fois l’Amérique. Ces films ont eu une portée internationale et Hong Kong a forcément pioché dedans à un moment ou à un autre. Le titre du film est assez significatif car il va tourner autour de deux réfugiés qui vont sacrifier leur vie pour être riches et célèbres dans le petit milieu des triades. Bien que Chow Yun-Fat interpréte un des patrons de la pègre et que le film tourne autour de lui, l’histoire va surtout se concentrer sur la relation entre les deux « frères » aux tempéraments bien différents, interprétés par Andy Lau et Alex Man.
Andy Lau va interpréter le personnage le plus vertueux, le plus droit, alors que Alex Man sera le personnage sanguin, le plus avide, plus à même de partir en cacahuètes. Chow Yun-Fat, comme d’habitude, a la classe internationale en toutes circonstances, tout en costume et cheveux gominés, sans cesse d’un calme olympien, interprétant le patron de triades le plus gentil jamais filmé, toujours aux petits soins avec ses hommes. Et quand il prend les armes le temps d’une scène, une arme à feu dans chaque main, il y a ce côté complètement jouissif que tout amateur du bonhomme va forcément ressentir. Le casting tout entier s’en sort avec les honneurs, avec des seconds rôles intéressants également à l’instar de Carina Lau, qui apparait à mi-film dans le rôle d’une infirmière, d’Alan Tam, au départ assez énervant mais malgré tout utile, de Shing Fui-On, très sobre en homme de main calme, ou encore de Danny Lee, une fois de plus dans le rôle d’un flic têtu qui cherche à faire tomber des boss de triades. Malheureusement, les motivations des personnages ne sont pas toujours bien exploitées. Certains ne servent d’ailleurs au final pas à grand-chose, arrivant comme un cheveu sur la soupe (celui de Danny Lee). Si l’histoire avait pu être un peu plus développée pour certains, ou s’attarder plus simplement sur la jeunesse de ses protagonistes principaux, cela aurait pu donner un côté encore plus percutant à certains moments du film.
En fait, Rich and Famous n’est peut-être pas assez long pour développer tout ce qu’il a envie de développer. Ou alors il ne le fait pas correctement. Si les moments « comiques » de la première demi-heure servent certes à nous montrer la complicité entre les personnages d’Andy Lau / Alex Man / Pauline Wong, ils ne sont pas forcément bienvenus et dénotent un peu avec le reste du film. Il aurait peut-être été plus judicieux d’utiliser ce temps pour approfondir les choses différemment, quitte à rallonger le film de quelques minutes. Si des films tels que Il Était une Fois le Bronx fonctionnent si bien, c’est parce qu’ils ont pris le temps de bien poser les choses, de bien créer des liens entre les personnages. N’en déplaise à certains qui ont déjà trouvé le film un peu mollasson, il manque clairement du temps de développement dans Rich and Famous. Mais malgré tout, on prend du plaisir à suivre l’évolution des personnages. Certes, l’intrigue de guerre des gangs, à base de loyauté et de trahison est un classique du cinéma de Hong Kong et a donc déjà été vu de nombreuses fois. Mais on prend malgré tout du plaisir, surtout lorsqu’il y a Chow Yun-Fat dedans. La première partie de cette fresque mafieuse est bien entendu ponctuée de scènes d’action. Bien qu’elles soient au final peu nombreuses –en gros une au début, une au milieu et une à la fin-, elles sont vraiment bien mises en boite par un Bruce Leung qui, en plus de gunfights, nous gratifie de quelques cascades et autres chutes qui font bien mal. Loin du réalisme de certains films, avec ici des personnages criblés de balles qui survivent malgré tout, l’action est de très bonne tenue. Le final est assez mémorable, se déroulant pendant un mariage où la mariée en blanc finira couverte de sang, très intense et mettant en place tous les enjeux de la deuxième partie, Tragic Hero, qu’on a immédiatement envie de découvrir. Alors oui, Rich and Famous n’est pas parfait, il peut même être considéré comme un film mineur dans la filmographie de Chow Yun-Fat et aurait sans doute eu plus de rayonnement dans les mains d’un autre réalisateur (Alex Cheung ? John Woo ? Kirk Wong ? Tsui Hark ?). Pourtant, l’ensemble se tient très bien et il en résulte un bon film de triades, certes pas très original, mais efficace dans ce qu’il entreprend.
Rich and Famous a beau être un peu bavard, il reste un film de triades très plaisant à suivre grâce à un excellent casting trois étoiles et des scènes vraiment réussies. Il pose les bases pour sa suite Tragic Hero, plus axée heroic bloodshed, et il le fait plutôt bien.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-rich-and-famous-de-taylor-wong-1987/
Créée
le 24 juin 2022
Critique lue 95 fois
2 j'aime
Du même critique
Très hypé par la bande annonce qui annonçait une comédie française sortant des sentiers battus, avec un humour noir, méchant, caustique, et même un côté gore et politiquement incorrect, Barbaque...
Par
le 31 janv. 2022
22 j'aime
Cela faisait plus de quatre ans que Stephen Chow avait quasi complètement disparu des écrans, aussi bien en tant qu’acteur que réalisateur. Quatre ans que ses fans attendaient avec impatience son...
Par
le 25 févr. 2013
18 j'aime
9
Ceux qui suivent un peu l’actualité de la série B d’action bien burnée, savent que Scott Adkins est depuis quelques années la nouvelle coqueluche des réalisateurs de ce genre de bobines. Mis sur le...
Par
le 3 juil. 2019
17 j'aime
1