Rich Hill est une bourgade du Missouri, dans la Bible Belt. Une population en déclin constant depuis la fermeture de la mine de charbon qui lui a donné son toponyme. Une misère endémique, un patelin à l'abandon où un habitant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. Des habitants laissés pour compte qui passent pour des demeurés aux yeux de ceux de la ville. Des familles monoparentales ou des pères contraints de faire travailler leurs gamins pour 20$ par jour. Des rednecks que l'on considère avec méfiance et mépris, cette Amérique blanche et pauvre que l'on refuse de voir, mais que l'on stigmatise systématiquement dès qu'elle s'exprime par les urnes. Rich Hill est en effet un fief des républicains conservateurs. Donald Trump justement, y a fait deux cartons pleins en 2016 et 2020, avec des scores à 75% et plus.
Dans ce film documentaire on va suivre le quotidien de trois adolescents, leurs déboires, avec des structures familiales éclatées avec un père absent ou une mère en prison, des scolarités difficiles et des pathologies assez caractéristiques de cet environnement paupérisé : troubles de la personnalité, obésité. Une misère sociale que l'on observe tantôt avec compassion et empathie, lorsque les gamins s'expriment devant un horizon désolé, tantôt avec colère et dégoût lorsque l'on voit l'état de certains foyers et toutes ces familles sous perfusion de sodas et de médocs. Rich Hill c'est l'anti-Michael Moore et ses longues tirades partisanes et son discours condescendant sur les laissés-pour-compte de l'Amérique. On est ici plutôt dans un regard naturaliste et intimiste à la Ken Loach. C'est Hillbilly Elegy sans la success story. Au contraire, le générique se ferme sur des événements assez tragiques.
Un portrait sobre, humble, une caméra qui se fait oublier, servie par une très belle photographie. C'est sombre et dérangeant, mais c'est l'autre face d'une Amérique qu'on ne voit pas assez.