L'onirisme a de pratique que la seule limite qu'il connaisse est celle de la pensée. Dans le monde merveilleux du conte, ce n'est pas tant la moralité qui compte que le chemin que l'on a parcouru pour la dicerner. Mais lorsque la fable ne prend pas la peine d'éclairer ses intentions, son sens se voit amputé d'un référent lui manquant cruellement.
C'est le cas avec Ricky de François Ozon, nous livrant un film dont l'acception demeure un mystère malgré la complicité acquise du spectateur quant à ce voyage imaginaire ne s'encombrant pas du soucis arbitraire de l'objectivité. Pire encore, on pourrait sans repère matriciel reprocher à l'oeuvre de caresser des propos christiques trop encrés dans une réalité urbaine qui ne sied guère à son étrangeté déroutante. Mêler fantastique et réalisme avec tant d'habileté sert évidemment le propos du cinéaste mais n'esquisse qu'un paysage virant au sfumato dans son dernier tiers.
La plus grande réussite de Ricky est de révéler Alexandra Lamy, qu'on ne savait pas si bonne actrice jusque là. Contre toute attente, elle incarne enfin un rôle loin des ambitions légères de la comédie française. Un premier rôle convaincant qui donne à espérer sur ses futures prestations. En revanche, carton rouge à la bande annonce, révélant la particularité du petit bout de chou angélique quand le film, lui, est construit pour ménager le suspens. Et comme il n'y a d'autres surprises que celle-là, autant dire qu'elle constitue un résumé grossier davantage qu'un avant-goût.