Lorsque dans un monde qui s'effondre (l'Ancien Régime) on mesure la valeur d'un homme à la qualité de ses traits d'esprit, on voit toute l'aristocratie se bruler les méninges pour faire jaillir le dernier jeu de mots spirituel qui va circuler à Versailles. Autour de ce microcosme narcissique et frivole, les autres humains ne sont pas reconnus ni pris en compte : qu'ils meurent donc les paysans des Dombs asphyxiés par les vapeurs putrides de leurs marais ou de maladies infectieuses véhiculées par les moustiques, qu'ils vivent comme des betes, ces sourds-muets considérés comme des animaux ! Qu'il se suicide de désespoir ce viel aristocrate qui n'arrive jamais à atteindre l'antichambre royale et se ridiculise en chaussette trouée ! la cruauté est la reine de ce bal impitoyable...
D'un coté ce monde superficiel, cruel et perclus de mauvaise foi, qui ne sait pas qu'il va mourir et de l'autre ces quelques savants, chercheurs, philantropes qui bataillent pour rendre le monde moins mortel , plus humain..A cet égard, la presentation des jeunes sourds-muets révelés et reveillés par le langage des signes est l'une des plus belles scènes de ce film. Un autre moment inoubliable aussi est la chute de l'abbé de Vilecour joué par un Bernard Giraudeau pathétique et génial au maquillage dégoulinant qui comme une vielle poupée fardée se retrouve brutalement sur la touche..Seul obstacle à la perfection selon moi : le jeu et le phrasé factice de Judith Godrèche qui ne brille guère que par le contenu de son décolleté.