Après Hero et Le Secret des Poignards volants, Zhang Yimou avait carte blanche pour réaliser le film qu'il voulait, sans fioritures : un récit simple, touchant et initiatique. Le Japonais Takata, que son fils mourant, Kenichi, ne veut plus voir, part sans le lui dire pour la province du Yunnan, en Chine afin de filmer pour lui, dont c'est la passion, un chanteur d'opéra populaire. Silencieux et tenace, Takata accepte avec humilité les obstacles qui le séparent de son but, les relevant obstinément, avec émotion et générosité. Et ce voyage qui l'emmène à des milliers de kilomètres de son fils le rapproche de son amour pour lui. La distance, la solitude, l'égarement, la perte, le sentiment d'étrangeté, la rencontre, le partage, la paternité... ces thèmes délicats et universels s'incarnent dans une histoire bouleversante, filmée avec intelligence, pudeur et sensibilité. Tous les comédiens sont amateurs, trouvés dans la province du Yunnan, ou jeunes acteurs méconnus... hormis Ken Takakura, d'une puissance et d'un naturel désarmants.
On pense à Ju Dou et Qiu Ju, sans complaisance, et pour le second, à la limite du documentaire. Chaque plan fait sens, chaque image trouble, avec une simplicité directe et une vérité confondante...