Rien ne va Plus est avant toute chose un grand film d’acteurs sur les acteurs, le duo Isabelle Huppert/Michel Serrault s’en donnant à cœur joie dans des rôles doubles voire triples, qui jouent sur l’illusion et les faux semblants. Car au fur et à mesure des retournements dramatiques, c’est un couple d’escrocs qui se complexifie, dont les velléités individuelles apparaissent de plus en plus marquées : qu’attend Victor, qu’attend Betty du coup qu’ils préparent ? Le visage reste impassible, apte au sourire, apte à mimer la douleur. Mais que cache-t-il enfin ? Claude Chabrol se délecte du jeu de dupes qu’il met en scène, offrant au cinéma un très beau duo d’arnaqueurs doublé d’un couple dont la relation reste ambiguë sinon trouble. Les lèvres ne se touchent pas mais se manquent de peu, les regards se rencontrent et se séduisent. Derrière l’artefact se terre quelque chose de plus authentique, quelque chose auquel nous n’aurons accès que par bribes, par échos indirects. Une comédie alerte et bien écrite qui mériterait une plus grande considération aujourd’hui ; un film joueur sur le jeu auquel le spectateur est invité à participer.