Fragment très caractéristique de l'impressionnisme avant-gardiste des années 20, quelque part entre "L'Inhumaine" (1924, Marcel L'Herbier) pour la dimension expérimentale du montage art-déco et "Berlin, symphonie d'une grande ville" (1927, Walter Ruttmann) pour la même dimension expérimentale mais dans une veine beaucoup plus proche, la poésie graphique au service d'une peinture urbaine.
24 heures passent à la frontière entre fiction et documentaire — à une époque où le genre n'est pas clairement établi. Beaucoup d'assertions paraissent bien désuètes vues d'aujourd'hui, entre la réflexion sur le fait qu'une ville est essentiellement définie par ses monuments (sinon elles se ressembleraient toutes, nous dit-on) et celle sur l'espace et le temps qui structure le tout dernier segment du film un peu brouillon. On oscille entre toutes les parties de la ville les riches et les pauvres, les bien portants et les miséreux, avec extrêmement peu de commentaires dans les intertitres, au final.
Un élément des "symphonies urbaines" naissantes, un genre nouveau des années 20, dans une manifestation des prémices documentaires qui cultive une forme de poésie et d'étrangeté plutôt originale, avec un travail expérimental sans interruption ou presque, avec des élans abscons mais beaucoup de passages magnifiques, aussi. Le rythme ne se pose jamais dans la monotonie, tantôt lent, tantôt accéléré. Beaucoup d'effets visuels, comme si la pellicule était constamment mise en forme à l'aide de techniques diverses dont cette fameuse surimpression permettant de faire apparaître dans le steak d'un client un abattoir. En filigrane, la silhouette d'une vieille femme errante traverse tout le film.