Robert/Luchini est un critique de cinéma ; un type pédant, faiblard (à force de réticences ?) et un peu gland, style Woody français mais en méchant et suffisant, transpirant les petites tares et la post-aigreur, ou le désespoir digéré. Bonnaire est son amie, une sous-rebelle abonnée aux rôles de commis – où elle tire la tronche ; son personnage va évoluer et se découvrir.
Ce film de Pascal Bonitzer vaut pour son humour et ses personnages, avant tout celui du titre, une chère ordure. C'est le type égocentrique mais complexé, qui réagit pas ou mal (notamment lors du dîner où il est non-invité, face à l'assemblée dominée par une espèce de vieux patriarche tordu). Il est « sans élan et sans force » selon le vieux (Michel Piccoli), ce qui n'est pas totalement juste ; c'est plutôt un lâche. Il se dérobe à tout, mais profite des acquis. Une vague de mépris lui tombe dessus, il n'en est même plus à encaisser le coup.
C'est ce qui fait son charme, mais il ne dort pas pour autant ! C'est bien un connard rigide accompli, un parisien cultivé et orgueilleux fidèle à sa mauvaise humeur ; éprouvant, tyrannique quand il peut – l'égocentrique est souvent arraché à ses bougonneries, alors à chaque contrariété (et il y en a tout le temps, car les gens ne cessent de l'interpeller -avec leur sensiblerie et leurs propres besoins égoïstes- ou lui répondre à côté) il pique ses crises. Pourtant il n'intimide pas, semble même ne pas gêner non plus (!), au mieux il dégoûte, en général tout juste il agace – ou lasse – et il crispe et désespère sa propre mère. Il est plaintif, comme un tourmenté de la pire espèce ; ses scrupules sont pour lui, sa santé, son état – pas pour dehors, pour les autres, même les objets de sa profession.
Avec l'évasion dans les Alpes Rien sur Robert vire au simple film de mœurs, ou de relations sentimentales – puis se traîne après le retour. Heureusement l'infâme saura reprendre la main au dernier moment, montrer sa vigueur, mais aussi la dégueulasserie de son caractère !
https://zogarok.wordpress.com/