Dans ce film, nous retrouvons Didier (Fabrice Luchini) qui a une image de lui complètement dégradée. Il se compare sans cesse aux autres et n'a aucune confiance en lui. Il est dans une relation toxique à laquelle il se raccroche. Juliette (Sandrine Kiberlain) lui mène la vie dure. Au premier abord, on ne peut qu'imaginer le résultat d'une vie couple qui se désagrège par un quotidien austère. Elle le déteste. Elle ne le supporte plus, lui et ce qu'il dégage de pathétisme. Cela a tout d'une haine malsaine de manière à faire craquer l'autre afin qu'il prenne l'initiative de mettre un terme à la relation. Mais elle apprécie, consciemment ou non, ce pouvoir absolu qu'elle a sur lui. Elle le provoque et le fait souffrir avec violence et sans ménagement. Elle joue dangereusement en prenant le risque de dépasser la limite ténue qui mène à la séparation.
En parallèle, Didier rencontre Aurélie (Valentina Cervi), ou plutôt en bon passif qu'il est, c'est Aurélie qui s'impose dans la vie de Didier. Abimée par une enfance supposément malheureuse et une tentative de suicide, elle cherche du réconfort dans une relation de soumission avec Didier qui se trouve être bien plus vieux qu'elle. Elle lui donne tous pouvoirs pour se décharger de ses angoisses. Absolument pas dominant, il est très mal à l'aise par la proposition de la jeune fille. Malmené de l'autre côté par Juliette, il finit par y succomber.
Fabrice Luchini, soit on aime, soit on aime pas. Nous avons donc le droit à quelques belles tirades "à la Luchini" sans qu'elle ne tirent en longueur et se transforment en monologue insupportable. Il en prend plein la gueule de toutes parts et ne sait comment réagir. Cela lui donne un côté touchant. Sandrine Kiberlain est absolument fabuleuse en compagne froide, cruelle et perverse (si vous l'aimez dans ce film, vous pouvez regarder "Un petit jeu sans conséquence"). Enfin, Valentina Cervi (belle découverte dans ce film) est remarquable et sublimée dans ce rôle qu'elle interprète avec justesse.
Malgré ce casting, le film est loin d'être exceptionnel. On assiste à un "fuis-moi, je te suis" et "suis moi, je te suis" entre Didier et Juliette et déjà que c'est pesant dans la vie, dans un film c'est particulièrement lassant. Certaines scènes sortent du lot (la scène d'humiliation du dîner met remarquablement mal à l'aise) mais l'ensemble est trop long et manque d'ampleur. On reste dans l'attente de quelque chose qui n'arrive jamais. Dommage...
Le traitement du sadisme et du masochisme à travers les personnages de Juliette et Didier est surprenant. Je m'attendais vraiment pas à ça en commençant le film. La relation de domination-soumission entre Didier et Aurélie n'est pas assez approfondie. Cela aurait pu justement ajouter ce qui manquait à ce film pour rompre avec ce rythme poussif.
Je l'ai noté 7 pour gonfler un peu la note et pour inciter à le découvrir et profiter des jeux d'acteurs. 6 est plus conforme à mon impression réelle.