Tout ou presque

Génial! Un film incompris, je vais pouvoir me lâcher. Il est vrai que Riens du Tout est un film déroutant, en quelque sorte conceptuel, un peu à la façon du Nonfilm de Quentin Dupieux. Vous remarquerez que dans le titre "Riens" est au pluriel. Et effectivement Klapisch nous montre des riens. Des vendeurs d'un grand magasin parisien sans consistance, sans profondeur, ni réelle personnalité, qui errent dans les rayons, et éventuellement vendent une babiole de temps à autre.
C'est riens forment un tout, une équipe qui fait vivre ce grand magasin, une institution de la vie parisienne. Du moins le nouveau directeur, le novice Lepetit (Fabrice Luchini), va essayer d'en faire une équipe, pour booster des ventes insuffisantes selon les actionnaires. Le jeune Lepetit va pour cela user de méthodes de management moderne, parfois absurde, comme un Week end de cohésion avec au programme rafting et saut à l'élastique.
L'air de rien, ça fonctionne. Les employés prennent leur poste avec plus d'entrain, et enfin on voit autre chose que de l'ennui s'épanouir sur leur visage. Il commence à exister, à avoir une vie, des sentiments, à nouer des relations entre eux, et comme d'habitude on n'échappe pas à la petite amourette débile. La caméra de Klapisch se montre plus intrusive, filmant en plan plus serré, et rapprochant le spectateur de ces êtres qu'on ne voyait souvent que de loin au début du film. On se rend finalement compte que ces riens sont en fait des quelques choses, mais que peut être, nous ne prenions pas le temps de regarder. Jusqu'à ce que Klapisch nous renvoie à la réalité.

Pour un premier film Riens du Tout est très couillu. Un film plus réfléchi qu'il n'en a l'air, une critique sociale et un regard acerbe sur le monde du travail. Comme quoi avec des riens on peut faire un très bon film.