(Riens du tout, Cédric Klapisch, comédie, 1992.)


Il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris. il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris ; il sait sublimer Paris. 


Au-delà de faire un usage immodéré du point-virgule, c'est surtout la proposition qui est intéressante : voilà, ce que l'on a TOUJOURS entendu dire à propos de Cédric Klapisch ! C'est vrai, qu'il a toujours aimé ça, exposer Paris, et en faire une actrice à part entière de ses films. Mais ce que l'on peut aussi dire, c'est que Klapisch pendant les années 2000, c'était le réalisateur branchouille : « Comment ? T'as pas vu le dernier Klapisch ? Il sublime tellement bien Paris ! » (vous voyez, je ne mentais pas.), « L'auberge espagnole », « Les poupées russes » « Casse-tête chinois » etc, tout cela offrait aux spectateurs l'opportunité d'arborer un snobisme bon marché, qui n'était pas pour déplaire à certains embryons d'érudits cérébralement atrophiés, éprouvant un besoin de se distinguer. Bref, Klapisch, ce n'est pas pour tout le monde, mais en réalité si ! Il est un des parangons de ceux qui font le style de ce que l'on appelle d'un ton parfois moqueur : « Un film français », avec des problèmes amoureux à n'en plus finir « le problème ce n'est pas toi, c'est moi » et tout ce qui s'en suit de clichés qui n'en sont pas tellement, finalement. Mais il n'empêche que ce soit un des cinéastes les plus influents dans l'hexagone ces vingt dernières années. 


« Riens du tout », son premier long-métrage, raconte une année de la vie d'un grand magasin, Les grandes galeries, qui voient arriver un nouveau directeur (Fabrice Luchini) en charge de relancer l'activité. En effet, cette Samaritaine à besoin d'un bon samaritain qui saura lui rendre toute sa splendeur. Alors, il modernise façon 90'. On manage serré, on fait des happening, on informatise, on modèle une entreprise englobante pour ses salariés : entreprise = deuxième famille = productivité = pognon = investisseurs contents = investisseurs vouloir encore plus de pognon, mais je vous passe toutes les leçons élémentaires d'économie.
Le directeur Lepetit, va donc essayer de remettre toute cette machine en route. Ca passe par une grande séance publique où il expose les grandes directions qu'il compte donner aux Grandes Galeries.
Suite à cela, on fait du « team building », on créé du lien entre les employés de tous niveaux, on se confie, on se lie en accéléré.
Évidemment, quand vous construisez une maison sur des sables mouvants, ça s'écroule. Car oui, aussi étonnant que cela puisse paraître toutes ces connexions forcées entre collègues finissent par révéler des tensions anciennes.
On pourrait évoquer d'autres techniques managériales : l'atelier sourire, ou comment une intervenante viens vous apprendre à offrir un sourire qui paraisse sincère aux yeux d'un client. A mon avis, pour qu'un sourire paraisse sincère, il faut qu'il le soit et c'est la seule règle. Mais ça les employés de Whirlpool que Macron s'était employé à sauver pourront en attester : un sourire sincère de candidat ou de président ça ne vaut rien, si ce n'est d'avoir le droit de trouver un repreneur qui met en place ces mêmes ateliers sourires et des ateliers de constructions de maquettes en pâtes et une clé sous la porte l'année qui suit.


Klapisch c'est pas Ken Loach, mais avec ses armes, il nous offre ici un film choral tout à fait charmant, mais un peu naïf. Celui-ci nous donne l'impression, en forçant le trait évidemment, que le magasin est en roue libre et que les employés ne sont pas tenus, n'en faisaient qu'à leur tête. Comme si le management n'existait pas avant l'arrivée du nouveau directeur. Or, il ne me semble pas que dans "Au bonheur des dames"de Zola, les petites mains des grands magasins se la coulaient douce. Mais il n'empêche que son regard est assez clairvoyant quant à la dimension fausse et anxiogène des techniques de gestion des ressources humaines (1). Toujours prompt à nous montrer les liens qui animent les êtres, il démontre déjà sa volonté de jouer avec des acteurs de qualité et qui commencent à peine à percer sur le grand écran (Ici Karine Viard ou encore Jean-Pierre Darroussin. Enfin, bref, tout ça pour vous dire : « Comment ? Vous n'avez pas vu le premier Klapisch ? Il sublimait déjà tellement bien Lutèce » (oui, ça remonte).


(1) Il serait grand temps d'abolir cette notion de « ressources humaines ». Le bois, la terre, l'eau, c'est des ressources. On ne puise pas dans les êtres humains comme on vide un puits de pétrole. Ce sont ces termes fallacieux qui participent à une vision utilitariste de l'homme. Sur ce, bon film.


Signé Sarrus Jr.

Sarrus-Jr
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le 21 mai 2020

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