En visualisant la cassette, tu peux décéder..... d'ennui!

Mon premier contact avec Ring eu lieu dans une salle de cinéma Montpelliéraine. C'était en 2002 avec son remake US Le Cercle. Une expérience traumatisante, au point de déplacer la tv dans la salle de bain, pour trouver le sommeil dans mon sympathique studio. La sortie de la trilogie japonaise en dvd, était l'occasion de reprendre une nouvelle dose d'angoisse, surtout que les critiques étaient dithyrambiques à son encontre. Ce fût une immense déception, mais avec le sentiment d'être passé à côté. Après la lecture de l'excellent roman de Koji Suzuki, un nouveau visionnage s'imposait pour réévaluer l'oeuvre cinématographique.


L'attente n'étant plus énorme, je pouvais me poser devant Ring en espérant apprécier la séance. Un nouveau problème allait se poser dès les premières images, la comparaison avec le livre dont il est l'adaptation. Le film ne suit pas vraiment les enjeux de l'oeuvre originelle. L'héros est devenue une héroïne Mai Takano (Miki Nakatani), mais surtout une femme célibataire dont l'enfant semble être plus responsable qu'elle. Un choix pouvant trouver son explication dans le souhait de créer une plus grande empathie, en se retrouvant face à une femme et un enfant dans la peau des proies d'une entité, œuvrant dans l'ombre dès qu'ils ont visionné une cassette au contenu étrange. L'autre changement notable, c'est que cette fameuse cassette est une légende urbaine trouvant un immense écho au sein des adolescents(es), alors que personne n'est censé connaitre son existence. Une manière de simplifier l'intrigue, de ne pas se lancer dans un long travail d'investigation. Cela se confirme avec l'attribution d'une perception extrasensorielle au personnage de Ryuji Takayama (Hiroyuki Sanada), ce qui a pour effet de rendre la trame moins captivante en ne concentrant les faits que sur deux personnages.


Le film se résume en deux scènes, celle d'ouverture qui est prometteuse et son final, étant le seul moment angoissant de l'histoire. Au milieu, on suit une femme et son ex-mari, croisant d'autres personnes, mais sans que leurs existences aient un véritable impact sur les faits, vu que l'homme voit et sent les choses. De plus, il raconte lors des moments qu'ils partagent dans une voiture ou un bateau, ce qui s'est déroulé auparavant. Cette simplicité scénaristique nuit à l'intrigue, tout se passe dans une relative facilité et on ne les voit pas vraiment enquêter sur : comment a été enregistré la cassette, pour quelles raisons et par qui. On avance avec eux et c'est ennuyeux. La réalisation d'Hideo Nakata ne sublime pas le peu de matière qu'il a devant sa caméra. Miki Nakatani est une belle victime, mais aussi une actrice toujours dans l'excès, ce qui est typique du jeu des actrices nippones. Son hystérie devient vite fatigante, mais permet de nous maintenir en éveil. Heureusement qu'elle est associée à Hiroyuki Sanada, il est le "talent" du film, celui qui rend l'ensemble moins désagréable.


Il y a un flagrant manque d'ambition au cœur de ce film, ne rendant pas hommage au roman de Koji Suzuki. Le remake US de Gore Verbinski lui est largement supérieur et la raison se trouve surement avec la présence au scénario de l'écrivain. Pourtant, on voit peu Sadako, ce qui a souvent pour effet de rendre l'histoire intéressante avec une vraie trame dramaturgique. On l'aperçoit, on entend parler d'elle, mais elle reste dans l'ombre en se manifestant au travers d'un effet sonore et des sensations de Ryuji Takayama. Elle est là, sans vraiment l'être comme Hannibal Lecter dans Le Silence des agneaux ou le requin des Dents de la mer. Son apparition est tout de même le point culminant du film, mais pour en arriver là, il faut être patient, voir faire une sieste, vu que cela ne modifiera pas la compréhension d'un film dépouillé de ses qualités littéraires.


Ring n'est définitivement pas une oeuvre majeure de l'épouvante. L'idée est excellente, mais mal exploitée et mise en scène. Il fait parti de ces films surévalués, pour des raisons obscures.

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le 24 janv. 2017

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Laurent Doe

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