Ring of fury par Ryo_Saeba
Film surprise de cette première édition du Festival des Rencontres Asiatiques de Paris, la copie projetée est l'unique copie du film restante à ce jour et qui était en possession non pas du réalisateur du film présent au festival, mais elle a été retrouvé directement dans la cave de l'acteur principal : Peter Chong.
Présenté comme un nanar sympathique banni à Singapour, le film tient t-il ses promesses ? Et bien pas vraiment, il faut avouer qu'il tend plus du coté du navet que du nanar. Les raisons de sa censure ont été surtout liées aux représentations des triades dans le film et à la scène de viol qui elle a carrément disparue du montage. Il faut dire que le gouvernement et les conditions de censure n'ont jamais été tendre envers le cinéma que ce soit à Singapour comme en Malaisie, le dernier exemple en date est celui du film Homerun de Jack Neo qui après un énorme succès au box office s'est vu interdire de diffusion en Malaisie car selon le gouvernement, il comportait des scènes critiquant le gouvernement de manière sous-jacente. Il n'est donc pas étonnant qu'un film, où les triades rackettent de pauvres travailleurs et où le sexe est représenté, a été banni, spécialement dans les années 70.
Le film raconte l'histoire d'un homme dont le père a été tué, la mère rendue aveugle puis tuée à son tour, son amie violée, sa petite amie enlevée et sa maison brûlée. Sorte de mélange entre Fist of Fury et One Armed Boxer, réalisé avec zéro moyen, Ring of Fury s'inspire des films de Kung Fu de l'époque et reprend le thème de la vengeance. On a le droit bien sur également au fameux entraînement du héros qui ne connaît rien aux arts martiaux et qui grâce à un travail acharné va réussir à devenir le plus fort.
C'est dans cet entraînement que réside une des parties les plus intéressantes, si l'on peut dire, du film, le héros s'attache les pieds sur un gros rondeau de bois qu'il traîne en marchant sur les mains, il fait s'éteindre des bougies par la vitesse de ses coups ou encore casse de multiples planches de bois. C'est ce genre de scènes qui éveille l'intérêt du spectateur car même dans un film réalisé avec des moyens ridicules, ça n'empêche pas de trouver des petits détails ou des petites choses qui rendront la vision du film plus sympathique. Ces détails justement qui peuvent transformer un navet en nanar même si encore une fois la différence entre les deux est totalement subjective et change d'une personne à une autre. On en retrouve quand même dont une scène absolument magnifique où le grand méchant affublé d'un masque de fer semblable à celui de Fantômas est filmé de dos assis dans son fauteuil avec à la main la laisse de son énorme chien blanc qui en est au premier plan en train de fixer la caméra durant toute la scène.
Reste, le principal intérêt du film quand même, les combats. Sur ce point, c'est vraiment médiocre, là où n'importe quel film de kung fu de Taiwan ou Hong Kong avait au moins quelques stuntmans et un chorégraphe, ici c'est le néant. Le réalisateur d'ailleurs nous confiait avant le film que n'ayant pas de chorégraphe pour les scènes de combats, il allait voir Peter Chong et lui disait : " tu commences à te battre ici, et tu finis ici " puis il tournait la scène. Donc forcément c'est vraiment très mauvais, c'est mou, c'est lent et vraiment pathétique. Cependant, on sent quand même chez Peter Chong, 8ème dan de Karaté, une énorme maîtrise du combat et des gestes, il ressemble beaucoup dans sa pratique à Sonny Chiba avec un visage rappelant celui de Wang Yu. Mais malheureusement il ne peut rien faire tout seul et le film en souffre énormément, les combats étant ennuyeux et soporifiques au possible.
C'est donc une semi-déception que ce film surprise qui s'avère au final pas très intéressant mais soulignons tout de même le travail effectué par l'équipe du festival pour retrouver l'unique copie du film ainsi que pour avoir fait venir le réalisateur qui est vraiment quelqu'un des très sympathique.