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On continue la cavalcade dans les terres paradoxalement fertiles du western avec ce Rio Bravo par Howard Hawks. Nous sommes en 1958, le genre est sur le déclin, et John Wayne également. Vient alors à l’idée du réalisateur de monter un film en réponse au High Noon de Zinnemann qui ne lui avait pas plu. Pour assurer la bankabilité du projet, il réussit à embaucher deux stars musicales en plein boom : Dean Martin et Ricky Nelson. John Wayne est présent, mais dans un renouveau : il n’est plus le jeune homme fringant que l’on a connu, c’est une personne vieillissante et bedonnante, mais dont le charisme et le côté rassurant sont intacts. Il sera la figure centrale du film, celle d’un shérif désabusé mais droit dans ses bottes.
Dès la scène d’ouverture, muette et magistrale, les enjeux sont posés de façon limpide. Il va falloir tenir une semaine jusqu’à l’arrivée des renforts, dans une ville où l’ennemi est partout. Les personnages sont immédiatement attachants, bien définis, et intègrent le spectateur à leur petite bande (Walter Brennan est parfait, comme il l’était sur To Have and Have Not). Angie Dickinson vient compléter la galerie avec une touche féminine typiquement Hawksienne (avec des attributs jugés masculins). Moult péripéties, une superbe soirée musicale, et quelques gunfights plus tard, et c’est la rédemption pour l’alcoolique, la pérennité pour le briscard, et le souffle de l’aventure pour le jeune premier.
Rio Bravo, c’est 2h20 sous tension, mais avec toujours des moments de répit qui viennent nous réconforter. C’est une maîtrise en tous points d’un genre pourtant essoré (et qui n’a pas encore eu le renouveau apporté par le spaghetti), une virtuosité de la caméra, et une galerie de personnages mémorables. Du grand cinéma.
Bonus:
Old Tucson, where the legends walked - 8 minutes
Documentaire sur le décor de tournage de Old Tucson qui a vu défiler plus de 200 films depuis sa création, et pas des moindres.
Comemorating Rio Bravo - 30 minutes
Des archives vocales de Hawks, des interviews des équipes techniques, d’historiens du cinéma, ou d’Angie Dickinson, tout ça pour raconter la genèse du projet, son tournage et son impact sur le septième art. Passionnant.