Des choses gentilles à dire sur ce film :

Chaînon manquant entre Deux heures moins le quart avant Jésus Christ (un peu) et Les visiteurs, la révolution (beaucoup), Rjevski contre Napoléon met en scène le lieutenant Rjevski (Pavel Derevyanko), personnage principal du film La ballade des hussards et surtout héros dans la culture populaire russe de blagues grivoises, envoyé par le prince Bagration (Marat Bacharov) et son état major stopper l’avancée de Napoléon (Volodymyr Zelensky, oui, oui, celui-là même) à Moscou. Le petit bonhomme étant, de notoriété publique, un incorrigible coureur de jupons (la tour de Pise n’était pas penchée avant qu’elle n’abrite une de ses parties de jambes en l’air), c’est donc déguisé en femme que Rjevski est expédié dans son giron afin de mieux détourner son attention de ses objectifs militaires et lui faire stopper son avancée. Logique. Au cours de ses aventures, il sera aidé par Léon Tolstoï (Mikhaïl Efremov) récupéré au détour d’une sorte de voyage dans le temps, il fricotera avec Natacha Rostov (Svetlana Khodtchenkova), héroïne du Guerre et paix du même Tolstoï mais aussi co-vedette de son corpus de blagues grasses et il foutra même une peignée à Jean-Claude Van Damme pour lui piquer ses frusques. C’est hallucinant mais c’est aussi sacrément hardcore...

Le fait est que le film, fait en 2012, repose sur un graveleux cartoonesque de comédies françaises et italiennes des années 1960-1970, les mauvaises, celles qui étaient déjà périmées au moment de leur sortie. Dans Rjevski contre Napoléon les polissonneries molles et les blagues au-dessous de la ceinture côtoient les barrissements d’éléphant qui soulignent une chute ou un choc hors champ, le cabotinage va de paire avec les gags autour du travestissement, les anachronismes pleuvent et sont soulignés quatre fois au marqueur rouge. Ça quiproquote gentiment. Ça hurle tant que ça peut. Ça court encore plus. Et ça fait froufrouter tout ce qu’il est possible de faire froufrouter. Pour coller néanmoins un minimum à son temps, Maryus Vaysberg injecte dans son film un peu des codes du film d’action, des ralentis badass au woosh pêchus en passant par une musique qui surexploite les cuivres. Il se passe à la fois beaucoup de choses, et rien du tout.

Globalement, Rjevski contre Napoléon c’est quand-même relativement creux et assez chiant... mais pas autant que Les visiteurs la révolution dont il se rapproche sur pas mal d’aspects, et ce pour une bonne raison : il offre beaucoup d’occasions d’écarquiller les yeux. Si on se demande rapidement ce qu’on est en train de regarder, c’est lorsque Rjevski se met à escalader un gros canon en vue de son départ pour Moscou qu’on commence à se le demander oralement : Rjevski est envoyé à Moscou en canon comme le premier baron de Münchhausen venu, et sans trop qu’on sache si c’est volontaire ou pas, fait simultanément un bond d’une cinquantaine d’année dans le futur solliciter l’aide de Tolstoï. C’est d’ailleurs pas si explicite que ça, les seuls éléments qui semblent aller dans ce sens sont que Tolstoï n’était pas né en 1812... et qu’en sortant de son boulet, Rjevski marche les membres raides en faisant de bons vieux dziiit de robot avant de demander à quelqu’un ses vêtements, ses bottes (mais pas sa moto)... Subtil.

Et le film de continuer par à coups. Rien de spécialement digne d’intérêt vingt minutes durant et puis une séquence d’essayage de vêtements avec une apparition du héros dans le costume à bandelettes de Leeloo du Cinquième Élément de manière totalement gratuite ; et puis rien à nouveau ; et puis Jean-Claude Van Damme en nobliau victimisé par Rjevski ; et puis Napoléon (Volodymyr Zelensky ça fait du bien de le répéter) qui se lance dans une reprise de si tu n’existais pas et puis rien ; et Tolstoï dans tout ça ? Bin il passe sa dernière partie de film sur un tapis volant parce que bin pourquoi pas.

Une belle curiosité en somme mais qui demande un chouia de préparation au préalable.


Je veux jouer au bingo des clichés avec ce film

Le lien pour jouer, c'est là : https://www.incredulosvultus.top/rjevski-contre-napoleon


Ou sinon, je regarde juste les 52 ingrédients du bingo de ce film parce que c'est trop cool


Personnage > Agissement

Bagarre > Fait mine de partir avant de se retourner brusquement pour donner un méga pain – Bagarre > Fait signe à son adversaire de s’approcher – Bagarre > Coup dans les couilles (ouch !) – Se racle la gorge pour attirer l’attention – Se regarde dans un miroir > Maquillage, nœud de cravate, etc. – Stylé > S’exclament la même chose et en même temps – Tension > Penche la tête de côté en reprenant son souffle pendant (ou avant) une bagarre, pour faire craquer ses articulations ou se donner confiance – Tension > Rappelle à ses troupes qui commande, nom de nom

Personnage > Héros ou héroïne

Passion > Demande en mariage chevaleresque

Personnage > Interprétation

Regard incrédule

Réalisation

Équipe > L’équipe (au complet) avance (au ralenti) face caméra – Fin > Bêtisier intégré au générique de fin – Fin > Le mot FIN apparaît en toutes lettres à l’écran – Fin > Tout est bien qui finit bien – Fin > Véhicule ou personnages qui s’éloignent – Grammaire > Passage musical – Ouverture ou fin > Voix off d’introduction ou de conclusion – Reconstitution de souvenirs, récit, accompagnés d’une voix-off – Séquence d’essayage de vêtements devant un·e ou des potes – Souvenirs > Introduits avec un flash (et un effet sonore) – Suspense > « J’ai une idée » + cut/« J’ai une idée » mais ne la révèle pas – Woosh > Mise en scène

Réalisation > Accessoire et compagnie

Fusée de détresse – Lancer de vaisselle lors d’une dispute – Stylé > Une de journal apparaissant en tourbillon rapide au centre de l’écran

Réalisation > Audio

« Cling » sonore pour souligner l’éclat d’un objet – Bruit incongru d’objet – Bruit exagéré > « Dziiiit » multiples de robot en mouvement – Bruit exagéré > Bruit métallique injustifié – Bruit générique > Verre cassé – Musique > Classique – Musique > Marche nuptiale – Woosh > mouvement / acrobaties

Réalisation > Surprise !

Faux suspense !

Scénario > Blague, gag et quiproquo

« Wahouyiaaa » exagéré de karaté (gag) – Coup dans les couilles (gag) – Épilation douloureuse (gag) – Faux suspense > Rêve éveillé ou fantasme – Gag cartoonesque > Hurlement de chat et bruits de trucs cassés après une chute – Gag cartoonesque > Silhouette humaine gravée dans le mur ou dans le sol après un impact – Gesticulations exagérés d’un personnage qui se croit invisible mais qui ne l’est pas – Recours à un plan large pour marquer la puissance d’un cri (gag) – Regarde dans la direction que fixe un personnage perdu dans ses pensées (gag) – Ronflements

Scénario > Contexte spatio-temporel

Cliché touristique

Scénario > Élément

Référence (grossière) à la culture populaire

Scénario > Ficelle scénaristique

Amour au premier regard – Passion > Attaché au lit avec des menottes

Scénario > Situation

Passion > S’engueulent / se foutent sur la tronche avant de s’embrasser avec fougue

Thème > GI Joe

Agissement > Rire gras de commando/de bande de voyous etc.

Thème > N’importe quoi

Accessoire > Objets qui scintillent trop

Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes

Objectification sexuelle > Reluque une femme

---

Barème de notation :

  • 1. À gerber
  • 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
  • 3. On s'est fait grave chier
  • 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
  • 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
  • 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
  • 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
  • 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
  • 9. Gros gros plaisir de ciné
  • 10. Je ne m'en lasserais jamais
IncredulosVultus
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le 11 oct. 2024

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