Intéressant ce film. Je savais pas dans quoi je m'embarquais et je dois dire que le début m'a laissé craindre le pire dans le genre misérabiliste. Et puis en fait non, j'ai vite changé d'avis.
Comme tout bon road-movie de l'époque, le scénario est minimaliste, les auteurs privilégiant le genre avant tout pour parler de l'Amérique tel qu'elle est vraiment, faible et fragile, peuplée de pauvres âmes en peine et cherchant vainement où est passé le rêve américain tant promis. Les conflits sont rares, ce sont donc vraiment les personnages qui m'ont séduit. Ç'aurait quand même pu être plus soutenu ou du moins plus structuré s'il y avait eu un objectif annoncé dès le départ, mais tout est variable sur la route de la vie. Mais donc, c'est intéressant et ce jusqu'à la fin qui laisse perplexe : l'auteur ne nous dit pas quoi penser de ce que l'on vient de voir, mais le spectateur n'a pas non plus envie de juger les personnages parce qu'ils ne sont jamais que ce qu'ils sont. C'est triste. Mais c'est beau.
La mise en scène est des plus simple aussi : visuel typique de la décennie, c'est-à-dire un grain bien crade qui bouffe l'écran, une lumière naturelle prise sans fioriture, une composition juste assez travaillée pour que ça soit regardable, équilibré, mais rien de très fou. Un découpage qui colle bien aux personnages qui atteint ses limites lors des scènes dites d'action (les cascades un peu plus vertigineuses, aussi rares soient-elles) mais ça passe parce que ces passages ne durent pas longtemps. La musique est très bonne aussi, en adéquation avec le genre du road-movie. Enfin, les acteurs sont très bons : le jeu est sobre, efficace et puis surtout l'alchimie passe très bien entre les trois larrons.
Bref, un film franchement intéressant. Faudra que je creuse la filmographie de ce type qui a l'air d'avoir fait d'autres trucs intéressants.