Robin des Bois
7.2
Robin des Bois

Long-métrage d'animation de Wolfgang Reitherman (1973)

Regarder ce que l'on pourrait considérer être l'un des derniers grands films Disney, si ce n'est le dernier, l'un de ceux qui peuvent encore s'enorgueillir de ce trait si singulier aujourd'hui devenu mystère d'un savoir oublié, c'est toujours un moment bardé d'une légère tristesse, instant de recueillement doucement mélancolique devant ces quelques soubresauts méritants d'une alliance de génies maintenant éteints. Le dernier grand film de Wolfgang Reitherman comme seul réalisateur, l'un des derniers terrains de jeu euphorique de Franklin Thomas, père de Baloo ou de ce monstre de Milt Kahl qui donna vie à Panpan ou Shere Khan, offrant encore une fois leur griffes incomparables pour animer tout ce bestiaire aux côtés d'un jeune débutant, un certain Don Bluth... Bref, j'arrête ici, laissons ces quelques larmoiements pour un autre dessinateur au talent tout aussi singulier et actuellement bien plus "dans le vent".

Robin des bois fait partie de ces films d'animation que j'ai découvert sur le tard, le toisant avec un regard bien plus "technique" que purement enfantin, et me privant de toute cette aura culte qu'il a pu engendrer auprès d'une grande génération, avec sa suite de farces et autres avalanches de gags burlesques, certes du plus bel effet, mais laissant au final un petit arrière goût de décousu à l'ensemble, comme un rythme un peu bancal sur ce foutoir jouissif et bordélique.
Je n'sais pas vraiment ce qui m'y gène au final, du choix de conter l'histoire dans sa version strictement animale, humanisant ceux-ci jusque dans leurs gestes et nous privant du talent unique de leurs créateurs pour tracer la bestialité mouvante, à l'absence de réelle évolution prenante du récit, se passant de figures fortes, autrement marquantes que par leur loufoquerie incessante, mais j'ai toujours eu l'impression qu'il manquait un petit quelque chose au film, sensation d'autant plus regrettable que le reste s'avère on ne peut plus séduisant.

Oh oui, séduisant. Le film, dernier long métrage marqué du seul nom Reitherman, connu pour avoir "réalisé" (un mot un peu ambigu quand il s'agit d'une oeuvre animée) Le Livre de la Jungle, porte son immanquable marque, et laisse aux noms des génies du crayon susmentionnés la possibilité d'exprimer encore une fois une sensibilité rare sur quelques bouts de papier. Le rendu garde ce côté brouillon, sale et griffonné que l'histoire du gosse, de l'ours, de la panthère et du tigre avait en son temps si superbement magnifié. Le trait est griffé et espiègle, se permettant l'audace d’apparaître par éclats dans ses premiers tracés, déliés géniaux de finesse et d'harmonie et taillades fougueuses de crayons bestiaux laissant à cette sympathique histoire de capes et de crocs cet aspect de vieux livre farceur décidant soudainement de cracher ses illustrations pour les libérer hors de ses pages.

L'une des dernières grandes oeuvres du studio, l'un des derniers souffles d'un trait définitivement inégalable, qui bien que ne rivalisant jamais avec les plus grands de ses aînés, garde l'empreinte d'un groupe de types qui détenaient dans leurs pattes un savoir faire sidérant. C'est mignon, c'est chantant, c'est touchant, c'est drôle... et artistiquement parlant, c'est inimitable.

Créée

le 11 févr. 2014

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zombiraptor

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