Depuis le succès (plutôt inattendu) de Gladiator, Ridley Scott est classé dans "les réalisateurs de films à grand spectacle". C'est ainsi que, par la suite, il y aura Kingdom of Heaven, puis ce Robin des Bois. Et, au fil du temps, la qualité de ces films diminue ostensiblement.
Ce Robin commence plutôt bien. Bon, quand on voit l'assaut d'un château au début du film, on a l'impression de revoir Kingdom... : même réalisation grisâtre, même caméra frénétique, la boue, tout y est. Mais avec Russell Crowe, ce qui rajoute une qualité supplémentaire à l'ensemble.
Là où le début m'a beaucoup plu, c'est dans la volonté de Scott (et de son scénariste Brian Helgeland, qui avait écrit aussi Mystic River ou L.A. Confidential) de détruire le mythe de Robin des Bois et du roi Richard. Là où, dans les autres versions, Richard Cœur de Lion apparaît comme une sorte de Messie dont on attend le retour avec foi et qui arrive à la fin pour séparer les bons des méchants, ici, on est dans une version beaucoup plus prosaïque (plus réaliste historiquement ? je ne connais pas assez l'histoire britannique pour le dire). Ainsi, ce Richard revient des Croisades avec des caisses résolument vides. Alors, sur son trajet, il pille les châteaux français pour tenter de se refaire. Sympa, le mec !
Quant à Robin, il n'est alors rien de plus qu'un soldat en fuite, un déserteur tentant de rallier au plus vite les côtes anglaises.
Cette première moitié est la plus complexe également : des très nombreux personnages qu'on nous balance d'un coup devant les yeux (à vous de vous débrouiller pour deviner les liens qui les unissent). Puis, petit à petit, on en reconnaît certains et on retrouve des chemins un peu plus balisés. Ici, il y a Marianne ; là, c'est frère Tuck...
Hélas, la seconde partie sombre dans le n'importe quoi. Robin se trouve vite être un personnage vide (quel dommage d'avoir employé un acteur aussi charismatique et talentueux que Crowe pour lui faire interpréter un tel personnage). Le comble du ridicule est atteint lorsqu'il fait son discours sur les rapports entre le roi et son peuple. Discours (on le devine) qui est censé être à l'origine de la Magna Carta. Discours qui devrait être émouvant, un peu comme celui d'Henry V avant Azincourt dans la pièce de Shakespeare (voir le film de Branagh), mais qui n'est qu'un succession de propos édifiants (et anachroniques).
Autre grand moment ridicule : la tentative de débarquement français en Angleterre. C'est filmé comme Le Soldat Ryan et ça devient très vite du grand n'importe quoi.
En bref, je dirais que ce film, qui commençait bien, se révèle vite être une belle occasion manquée, malgré la présence d'un impressionnant casting (ah ! Max Von Sydow, c'est toujours un plaisir de le revoir).