Robin des Bois est un héros légendaire, et comme tous les héros légendaires, il y a des clichés que le spectateur attend. On n'imagine pas Batman sans sa Batcave ni John McLane sans ses petites phrases. On attend donc de Robin des Bois qu'il se planque dans une forêt pour malmener un shérif, habillé limite en vert. Malheureusement, Ridley Scott et Brian Helgeland (au scénario) ont préféré raconter autre chose : Robin n'est pas ici un descendant de la famille Loxley parti en croisade. C'est un simple archer dans l'armée de Richard qui tentera de devenir une légende quand même.

Difficile de pas spoiler l'intrigue tant les défauts du film tournent autour du scénario. On sait que Robin des Bois a connu plusieurs versions, Scott voulant raconter dès le départ une histoire différente. Ont donc été envisagées une histoire écrite du point de vue du Shérif mais aussi une histoire d'usurpation d'identité, la rumeur voulant que le script contienne une histoire complexe dans laquelle Robin prendrait la place du Shérif pour entretenir sa légende. Toutes ses versions ont manifestement fini à la corbeille pour nous raconter « l'histoire d'un homme ».

L'histoire finale semble être un patchwork de ces brouillons, pleine de choses qui ne servent à strictement rien. Ainsi, au début du film, Robin prendra l'identité du véritable Loxley mourant (qu'il croise, en passant, en plein de coeur de Brocéliande et tout à fait par hasard). Le père du Loxley décédé lui proposera de jouer le même jeu sans qu'ils se soient conciliés. Ainsi, Robin se fera passer pour quelqu'un qu'il n'est pas pour ... rien. En effet, cette idée de double identité n'est jamais vraiment utilisée.
Dans le même style, s'il faudra attendre pour voir Robin entrer dans Sherwood, on verra par moments, sans raison, de jeunes garçons y vivant manifestement et vêtus de masques en bois. Sans explication ni réel intérêt.

Le film, lui, préfère s'orienter vers une histoire à la Braveheart s'enlisant également dans les personnages : on a droit aussi bien au Shérif, qu'à un Guy de Gisbourne renommé en Sir Godfrey (manifestement à la dernière minute si on en croit notre rencontre avec Mark Strong en février dernier - lisible sur CloneWeb) qu'au Prince Jean. Mais Elgeland ne sait pas quoi faire de ses personnages. Ainsi, Jean aura perpétuellement le cul entre deux chaises, certes manipulé mais hésitant lui même sur le bon camps à choisir. Le Shérif de Nothingham sera lui montré comme despotique au début du film et finira par disparaitre tout seul de l'intrigue.
Enfin, le personnage incarné par Mark Strong -encore une fois parfait- s'avère finalement être le vrai méchant de l'histoire. L'histoire, donc, s'enlise un peu plus dans les sous-intrigues en évoquant une invasion française (tous décrits comme des sanguinaires) principalement destinée à offrir une bataille finale d'envergure.

Le film aurait pu être un désastre dans les mains d'un réalisateur sans talent. Mais heureusement, Robin des Bois est réalisé par Ridley Scott, l'homme derrière Blade Runner, Alien ou encore Gladiator. Scott, comme James Cameron, sait raconter une histoire.
Ainsi, son dernier né est particulièrement bien mis en scène : réalisation nickelle, décors et costumes (certes, pas du tout historiques) soignée, photo magnifique. Les paysages de la campagne anglaises séduisent, les images sont vraiment belles (comme ce plan de la colline de Uffington, rappelant les belles heures des cavaliers de Rohan dans le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson). Les acteurs sont particulièrement en forme, et si Russel Crowe n'a pas là le charisme d'un Maximus, il est rattrapé par le talent de Max Von Sydow et de Mark Strong.
Reste, d'un point de vue technique, une musique particulièrement oubliable. Marc Streitenfeld, élève de Hans Zimmer, semble avoir fait les fonds de tiroir de son maitre, offrant une bande originale sans saveur.

Au final, Robin des Bois est un film sympathique, qui se laisse regarder mais qui sera sans doute vite oublié, principalement parce qu'il lorgne plus du coté d'un Ivanhoé que de ce qui a fait le personnage : sa légende.
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le 10 mai 2010

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